Le scandale éclabousse le BIT

Unia dénonce un nouveau cas de recours massif au travail temporaire à Genève, cette fois sur le chantier du BIT. Le syndicat interpelle l’organisation internationale.

C’est l’entreprise Orllati, membre bien connu de la SSE (Société suisse des entrepreneurs), qui sévit sur le chantier du BIT. Avec un ratio de plus de 50% de travailleurs temporaires, Orllati est dans la droite ligne des pratiques actuelles de la SSE. On comprend mieux pourquoi celle-ci refuse depuis 9 mois les négociations demandées par les syndicats, négociations visant justement à limiter le recours au travail temporaire à Genève.

On le voit, les employeurs entendent poursuivre leur course à la précarité, en fuyant tout dialogue ou solution.

Cet exemple est d’autant plus choquant, qu’il se produit sur le chantier du BIT (Bureau international du travail), censé garantir les bonnes pratiques en matière de protection des travailleurs. Malheureusement, l’épidémie du travail temporaire se répand aujourd’hui partout à Genève, précarisant de plein fouet les travailleurs, et plus particulièrement ceux de la construction. Moins payés (notamment de par la non-reconnaissance de leurs statut et ancienneté), jetables comme des kleenex, ces travailleurs se retrouvent au final à perdre leurs droits fondamentaux, dont en particulier celui de la retraite à 60 ans, pourtant prévu dans la Convention de la construction, et subissent de plein fouet la brutale flexibilité du temps de travail.

Mais dans un même temps et comme l’ont déjà dénoncé les syndicats, la SSE refuse  d’engager les travailleurs ainsi laissés sur le carreau, préférant laisser à la collectivité le soin d’assumer ces maçons usés par toute une vie sur les chantiers.

Unia a entamé des pourparlers avec le BIT afin que celui-ci intègre dans les appels d’offres la limitation du travail temporaire à 10%, mais ils n’ont pas abouti à un résultat satisfaisant. Par son action d’aujourd’hui, Unia interpelle de nouveau le BIT sur ces pratiques syndicalement et humainement inadmissibles. Unia demande à l’organisation internationale de limiter sur ses chantiers le recours au travail temporaire à un maximum de 10%, ainsi que l’ont déjà fait à Genève les communes de Vernier et Carouge.

Par ailleurs, Unia annonce que la SSE ayant une fois de plus refusé la proposition des syndicats pour ouvrir des négociations sans conditions préalables farfelues, des actions syndicales auront prochainement lieu partout sur les chantiers genevois. Enfin, Unia invite d’ores et déjà les maçons genevois à se préparer pour la grève devenue inévitable cet automne.