Les travailleurs de la construction déposeront une pétition pour exiger des contrôles efficaces et des sanctions fermes pour protéger leur santé !

Alors que le 18 mars dernier, les syndicats SIT, Syna et Unia avaient, avec le soutien de la FMB, obtenu du Conseil d’Etat la fermeture totale des chantiers, ce dernier, face aux pressions du Conseil Fédéral et des milieux économiques, a brusquement fait machine arrière. Résultat : des centaines de chantiers ont rouvert, ou s’apprêtent à le faire, et la santé de milliers de travailleurs est désormais en danger, malgré les belles promesses faites par les conseillers d’Etat Dal Busco et Hodgers. Ceux-ci s’engageaient à freiner la reprise d’activité des gros chantiers, qui avaient toujours été identifiés par tous les acteurs comme source de propagation du virus.

Pire encore, le Conseil d’Etat se permet aujourd’hui le luxe de mettre fin, sans aucune concertation des partenaires sociaux, au dispositif spécifique de contrôle qui avait été mis en place auparavant sur les chantiers. Incompréhensible, ce recul intervient au moment même où les syndicats exigent le renforcement des contrôles et des sanctions à l’encontre des maîtres d’ouvrages et des entreprises privilégiant leurs intérêts économiques au détriment des mesures de protection de l’OFSP. Concrètement, c’est la suppression de la force de travail d’une quinzaine d’inspecteurs-trices, qui n’était déjà pas suffisante face à l’urgence sanitaire qui prévaut aujourd’hui.

C’est pourquoi les syndicats s’apprêtent à lancer une pétition sur les chantiers exigeant du Conseil d’Etat qu’il renforce le dispositif de contrôle et sanctionne sévèrement les contrevenants.

Stop à l’inertie politique : plus de courage, de volonté et de moyens !

Il est grand temps pour le Conseil d’Etat de prendre des décisions responsables pour garantir, enfin, le respect des normes OFSP et la santé des ouvriers du bâtiment.
Selon son arrêté du 23 avril 2020, c’est désormais principalement à l’OCIRT et à l’Inspection Paritaire des Entreprises (IPE) de procéder aux contrôles, sachant qu’ils sont déjà en charge de la surveillance de l’ensemble des autres secteurs d’activité. Il appartient dès lors au CE de renforcer l’OCIRT en augmentant massivement ses effectifs et d’intensifier le dispositif de collaboration avec l’IPE dont l’efficacité est démontrée. Le Conseil d'Etat montre son intérêt pour les indépendants et les entreprises, nous exigeons maintenant qu’il en fasse de même pour protéger la santé des ouvriers et de leurs proches.

« Nous n’allons tout de même pas faire de dénonciation pénale pour un simple manque de savon ? »

Cette phrase résume à elle seule la position des autorités politiques quant aux éventuelles sanctions qui pourraient être prononcées. Lancée lors d’une séance tripartite à la face de la partie syndicale qui exigeait des sanctions exemplaires, cette remarque est inacceptable à plusieurs titres. En premier lieu, elle tourne en dérision des revendications syndicales légitimes demandant à prononcer des sanctions dissuasives à l’encontre d’entreprises et de maître d’ouvrage irrespectueux de la santé des employé-e-s. Ensuite, dans un contexte de pandémie mondiale où il est exigé de la population toute entière une hygiène des mains irréprochable, minimiser l’importance de la mise à disposition du savon ou de solution hydro-alcoolique est tout bonnement irresponsable. Finalement, dans la mesure où les règles d’hygiènes sont les plus simples et les moins coûteuses à mettre en place, le « simple manque de savon » est pour les syndicats, un fait aggravant qui mérite d’être condamné sévèrement, à la hauteur de la mise danger des personnes qu’il constitue. A l’heure actuelle et selon nos informations, seuls des arrêts momentanés de chantiers auraient été prononcés. Aucune amende n’aurait été infligée, et aucune dénonciation pénale n’aurait été déposée par l’inspection des chantiers, malgré les demandes répétées de la partie syndicale.
Pour les syndicats, il s’agit de donner urgemment un message fort aux maîtres d’ouvrages et aux entreprises qui ont aujourd’hui l’assurance, grâce à l’inaction du Conseil d’Etat, qu’ils ne risquent, dans les faits, aucune sanction en cas de mise en danger de la santé des ouvriers. Le temps des gentilles remises à l’ordre et de l’impunité doivent impérativement prendre fin, il en va de l’intérêt public.

Les syndicats lancent une pétition et vont durcir leurs modes d’action

Via la récolte des signatures des employé-e-s actifs sur les chantiers qui va débuter prochainement, les syndicats SIT, Syna et Unia pourront ainsi démontrer une nouvelle fois l’inquiétude et le sentiment d’abandon des ouvriers de la construction dans la crise. Dans l’intervalle, ils appellent d’ores et déjà le Conseil d’Etat à prendre ses responsabilités à l’égard de ces derniers.
En attendant, les syndicats, faute d’avoir été entendus jusqu’à aujourd’hui, ont décidé de durcir leur mode d’action : ils déposeront systématiquement des dénonciations ou plaintes pénales pour tout manquement au respect des normes de l’OFSP et bloqueront, le cas échéant, les chantiers problématiques, qu’ils soient privés ou publics.

Contacts:

Thierry Horner, secrétaire syndical SIT,

t 078 751 24 40, thorner@sit-syndicat.ch

Carlos Massas, secrétaire syndical Syna,
t 076 440 30 39, carlos.massas@syna.ch

José Sebastiao, secrétaire syndical Unia,
t 079 717 11 98, jose.sebastiao@unia.ch