La dignité passe par un salaire minimum à 23.-/h !

Femmes de chambre, serveurs, cuisinières et réceptionnistes devraient se contenter d’un salaire de 19,07 francs de l’heure brut. Les salarié-e-s genevois refusent cet état de fait et exigent des salaires dignes.

Après des mois d’incertitude où le patronat a fait planer le risque de vide conventionnel, les négociations pour le renouvellement de la Convention collective de travail pour l’hôtellerie-restauration suisse (CCNT) ont repris en pleine crise sanitaire, aboutissant au maintien de la convention collective, à sa prolongation telle quelle jusqu’à 2022, et à une augmentation de salaire pour l’année 2022. Les avantages de la CCNT sont conservés.

A la différence d’autres conventions collectives nationales ou régionales, comme celles du secteur principal de la construction ou du nettoyage, la CCNT n’a pas de grille salariale différentiée selon les régions ou les cantons. Les salarié-e-s travaillant à Genève sont ainsi pénalisés à cause du coût de la vie élevé dans le canton. Un « oui » du peuple genevois au salaire minimum de 23 francs de l’heure, permettrait une vraie évolution salariale et ainsi contribuerait à faire avancer l’ensemble de salaires en Suisse.

La majorité des employé-e-s du secteur n’ont pas de formation professionnelle et sont payés au minimum fixé par la CCNT, soit à 19,07 francs de l’heure ou à 3'470 francs par mois plus le 13e salaire. Ces salaires ne permettent pas de vivre dignement à Genève sans recourir à de multiples aides. Même en ayant un poste à responsabilité dans un fast food de Genève, André* n’arrive pas à s’en sortir. Avant le COVID-19, il pouvait à peine payer ses factures. Depuis qu’il est en RHT, il dépend de l’aide de sa famille.

De plus, un nombre important d’établissements hôteliers et de restauration rapide emploient leur personnel avec des contrats précaires, faisant répercuter le risque économique sur le dos des employé-e-s. C’est le cas de Miranda*, femme de chambre dans un grand hôtel de la place genevoise : « J’ai un contrat “extra fixe” comme la plupart de mes collègues. Mon employeur ne me garantit aucune heure de travail. Par contre, je dois rester complètement à sa disposition. Et si je refuse un remplacement, l’hôtel me pénalise en baissant drastiquement mes heures de travail ».

Jonathan*, qui vient d’être licencié par une société de catering active à l’aéroport de Genève, s’inquiète pour son avenir. « J’ai travaillé pendant des années au salaire minimum de la CCNT, puisque mon employeur n’a jamais reconnu mon diplôme français. Aujourd’hui, je me retrouve licencié, avec une famille à charge ».

Seul un salaire minimum à 23 francs de l’heure mettrait fin à une politique salariale patronale qui reporte les coûts sociaux sur l’ensemble des contribuables. Bouclier contre la précarité, ce salaire minimum serait une vraie réponse à la sous-enchère salariale et à la crise économique.

* Prénoms d’emprunt.

Pour plus d’informations :

Camila Aros, secrétaire syndicale, 079 649 64 18, camila.aros[at]unia.ch