Le Conseil d’Etat vient d’adopter le projet de Loi de la honte

Commerce de détail

Les syndicats Unia et SIT dénoncent de la manière la plus ferme l’indécent projet de loi qui a été adopté hier par le Conseil d’Etat. Ce dernier répond favorablement à l’intégralité des demandes patronales, prévoyant la pérennisation de la possibilité d’ouvrir les magasins trois dimanches par an, ainsi que l’élargissement des horaires d’ouverture du samedi à 19 heures.

De la remise en cause du partenariat social

En 2019, la population genevoise acceptait de justesse en votation populaire une loi dite expérimentale permettant d’ouvrir les magasins trois dimanches par an, même en l’absence d’une convention collective de travail (CCT) susceptible de protéger les conditions de travail du personnel de vente. Le but annoncé de cette loi en vigueur jusqu’à la fin 2020 était celui de mesurer l’impact de ces ouvertures tant sur le personnel de vente que sur les chiffres d’affaires des magasins. Les partenaires sociaux auraient dû s’accorder par la suite sur une nouvelle CCT, intégrant les intérêts des deux parties.

En rétorsion à l’entrée en vigueur du salaire minimum obligatoire, une importante association patronale du secteur a quitté la table des négociations, fermant la porte à toutes les revendications du personnel de vente et à la possibilité de doter de couverture conventionnelle le secteur.

Du mépris du personnel de vente

Au mois de décembre passé, au prétexte de la crise sanitaire, le Conseil d’Etat dérogeait illicitement à la loi sur les horaires d’ouverture des magasins (LHOM) en les prolongeant les samedis. Cette interprétation bizarre qui ne repose sur aucune donnée scientifique et qui va dans le sens opposé de ce qui est préconisé par le Conseil fédéral, prétend que l’élargissement des horaires d’ouverture permettrait de diluer le flux de la clientèle et donc de diminuer les comptages. Dans la pratique, chacun a pu constater comment les magasins se remplissent énormément pendant la journée, mais restent déserts le soir. Le personnel, lui, est par contre obligé de demeurer en place jusqu’à la fermeture, limitant davantage toute possibilité de conciliation entre la vie privée et professionnelle. Encore une fois, alors que la principale revendication du personnel de vente concerne la limitation du travail du samedi, le Conseil d’Etat donne entière satisfaction aux demandes patronales. En pleine crise sanitaire et économique, il décide de passer en force.

Les raisons de santé publique évoquées en décembre se transforment par magie dans des mesures économiques en faveur des entreprises moins de deux mois plus tard.

Au passage, le personnel de vente applaudi comme «héros» et reconnu comme faisant partie des salarié-e-s des catégories essentielles lors de la première vague, se voit à nouveau sacrifié en raison d’une crise qui ne dépend pas de lui.

Alors qu’Addiction suisse présente le panorama des addictions 2021 corroborant le fait que le personnel de la vente, ainsi que d’autres personnes travaillant en première ligne dans cette pandémie, a un niveau de stress augmenté, le Conseil d’Etat présente le projet de loi de la honte.

Les syndicats Unia et SIT s’opposeront à ce projet par tous les moyens nécessaires et invitent le personnel de vente à se mobiliser en vue d’une future campagne.

Renseignements

Pablo Guscetti, Unia

Davide de Filippo, Sit