Conséquences de la prise de parole pour les travailleuses et travailleurs de Patek Philippe

Face à des conditions de travail délétères chez Patek Philippe en lien avec du harcèlement, du mobbing, du stress et d’autres situations particulièrement choquantes de racisme, le syndicat Unia Région Genève a organisé ce matin une conférence de presse avec sept travailleuses et travailleurs.

Les travailleuses et travailleurs de Patek Philippe qui sont venus témoigner aujourd’hui ont dû prendre leur courage à deux mains, car leur prise de parole au sein de l’entreprise a eu pour conséquence leur mise à l’écart, le mépris des supérieurs et pour certains le licenciement. Un ancien responsable est venu témoigner des informations qu’il avait transmises à sa hiérarchie au sujet d’une dénonciation de harcèlement et de mobbing qu’il avait reçue d’une collègue de son atelier. La direction n’a malheureusement pas pris les mesures nécessaires et la collègue en question, qui a témoigné également, a indiqué que «la situation était devenue invivable et j’ai fini par être hospitalisée». Le responsable a lui été déplacé, puis finalement licencié.

Un autre collègue a indiqué les difficultés qu’il a rencontrées suite à sa dénonciation auprès des ressources humaines du mobbing, stress et pressions diverses que lui-même et certains de ses collègues ont vécus. Il s’est alors rendu compte que strictement rien n'était mis en place pour protéger les employés de ce genre de pratiques. Pire, il n’a pu que constater qu’aucune mesure n’était véritablement mise en place pour protéger la santé des salariés, malgré le fait qu’il a suivi les procédures habituelles (voie hiérarchique, RH, commission du personnel, entreprises externes et personnes de confiance). Il a ensuite compris que sa prise de parole était remise en question par la hiérarchie. Il a ajouté: «J’ai compris que cela allait m’impacter. A Patek, il faut juste courber l’échine, travailler et surtout ne rien dire. J’ai décidé d’essayer de garder ma place, et par crainte de représailles, je ne dis plus rien. Nous sommes beaucoup à souffrir de cette situation, qui est devenue invivable.»

Menaces et licenciements

Trois autres collègues, d’un même secteur sont intervenues pour témoigner à leur tour des répercussions quand elles ont décidé de refuser d’être traitées d’une façon inadéquate par les responsables. «Nous avons témoigné auprès des ressources humaines et auprès des responsables. Résultat, nous avons été licenciées pour l’exemple, pour que nos collègues comprennent qu’il ne faut rien dire.»

Enfin, un travailleur, victime de racisme depuis des années, s’est vu mettre à pied pour avoir dénoncé, et ce depuis des années, des propos insultants et racistes. Il a dû vivre avec ces remarques régulièrement proférées sans que l’entreprise ne mette en place un plan visant à protéger sa santé. Après des années passées à subir ces propos, il a tenté de faire réagir la direction par tous les moyens internes, sans grand succès. Il s’est vu mettre à l’écart, pour finalement être averti au même titre que les personnes qui proféraient les insultes racistes. La direction de l’entreprise n’a, une fois de plus, pas pris la mesure de la situation et a agi avec un total mépris des victimes. Et une fois de plus, la personne s’est vue licenciée pour «non-respect des valeurs de l’entreprise».

Les valeurs de l’entreprise sont-elles de ne pas se préoccuper de la santé de ses employés et de laisser s’installer la pression dans le but d’améliorer indéfiniment le rendement?

Dénonciation à l’OCIRT et aux Prud’hommes

Malheureusement, du côté de l’entreprise aucune entrée en matière sur les demandes des travailleuses et des travailleurs n’a été prise en compte. Pire, aucune proposition n’a été formulée. Alerté par le syndicat Unia, l’OCIRT a été saisi et une première mise en conformité a été demandée. La suite est en cours.

Une plainte pénale a été déposée, ainsi que deux plaintes aux Prud’hommes. Il est fort probable que d’autres recours aux Prud’hommes seront déposés si d’autres travailleuses et travailleurs sont licenciés dans des circonstances similaires.

Améliorations des conditions de travail demandées

Unia et les salariés, qui ont mandaté le syndicat, en appellent à la prise de conscience par l’entreprise de son obligation de protéger la santé de ses collaborateurs et souhaitent que toutes les mesures nécessaires soient mises en place afin que de telles situations ne se reproduisent pas. Unia restera très attentif aux suites des dénonciations à l’OCIRT et soutiendra tous les travailleurs et travailleuses de l’entreprise qui souhaitent continuer à se battre pour leurs conditions de travail.

Contact: Alejo Patiño, secrétaire syndical

                  alexis.patino[at]unia.ch