Dumping sur le chantier de l'hôpital cantonal à Genève - payés 8 euros l'heure

Des ouvriers de l'entreprise polonaise de construction métallique Blato ont décidé ce matin d'arrêter le travail afin de réclamer plus de 60'000 francs de créances salariales. En effet, ce sous-traitant d'une entreprise de construction allemande, actif sur le chantier du bâtiment BATLab de l'hôpital cantonal genevois, paie ses travailleurs 8 euros l'heure, dans une branche où le salaire minimum s'élève à 24,68 francs. Craignant pour leur intégrité physique, les travailleurs ont sollicité le syndicat Unia qui fait appel à l'Etat pour régler dans des très brefs délais ce cas scandaleux de sous-enchère.

Le syndicat Unia a dénoncé ce matin un cas particulièrement choquant de dumping sur un chantier public. Il s'agit de l'entreprise polonaise de construction métallique Blato SP.Z.o.o, sous-traitante de l'entreprise allemande Lindner, avec filiale à Arlesheim (Bâle-Campagne), active sur le chantier BATLab de l'hôpital cantonal de Genève.

 

L'entreprise Blato a engagé une douzaine de travailleurs avec des permis de courte durée. Depuis ce week-end, le syndicat Unia est en possession d'une série d'éléments confirmant que ces travailleurs sont payés 8 euros l'heure pour des journées de travail de 9 heures en moyenne, et ce dans une branche où le salaire minimum conventionnel s'élève à 24,68 francs pour des ouvriers non qualifiés.

 

Suite à une visite syndicale sur le chantier la semaine passée, l'entreprise Blato a contraint les travailleurs à se rendre en Allemagne, où elle les a enjoints, sous menace, à signer des contrats de travail vierges. De retour en Suisse ce week-end, quatre d'entre eux ont décidé de ne plus retourner au travail, craignant pour leur intégrité physique. Malgré les menaces, ils ont décidé de dénoncer leur situation lors d'une conférence de presse ce matin sur le chantier de l'hôpital.

 

Le syndicat Unia a mis en demeure l'entreprise Blato, ainsi que l'entreprise contractante Lindner, soupçonnée de ne pas avoir respecté les dispositions relatives à la responsabilité solidaire. Une plainte pénale pour menaces est par ailleurs en préparation.

 

Au vu de la situation particulière et du devoir d'assurer l'intégrité physique des travailleurs, le syndicat a également demandé une rencontre urgente avec le Conseil d'Etat et l'OCIRT afin de pouvoir régler dans de très brefs délais la question des arriérés salariaux des travailleurs lésés. Les créances s'élèvent, pour les quatre travailleurs, et sur la base des éléments à disposition du syndicat à ce stade, à 60'000 francs au moins. Aussi, le syndicat demande à l'OCIRT de prendre toutes les dispositions nécessaires pour ouvrir une enquête contre l'entreprise Blato.

 

«Ce cas, découvert par le syndicat à une dizaine de jours de la votation sur l'initiative UDC contre l'immigration de masse, démontre que le retour aux contigents ne peut en aucun cas être la réponse à des patrons sans scrupules», conclut Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia Genève. «Pour que les travailleurs puissent se défendre de manière efficace, il faut une augmentation massive des moyens de contrôle et l'accès aux lieux de travail pour les syndicats, tel que prévus par l'initiative 151.»

 

Renseignements:
Alessandro Pelizzari, secrétaire régional Unia Région Genève