Débrayage au CEVA !
Un licenciement collectif sans négociation
On s'en souvient: lorsque, à la fin du mois de mai, elle annonce à son personnel qu'elle va le licencier, l'entreprise Eaux Vives Infra SA (EVI) n'entend ni recevoir le syndicat ni encore moins négocier quoi que ce soit. Il faudra deux assemblées générales et des travailleurs prêts à en découdre pour que l'employeur accepte simplement de respecter la loi suisse, soit l'obligation de négocier un plan social lors d'un licenciement collectif de cette importance.
Un résultat de négociation dérisoire
Persistant dans sa mauvaise volonté, l'employeur ne concède que des miettes totalement inacceptables pour les différentes catégories de personnel concernées :
a) Pour le personnel fixe licencié sans nouvelle offre d'emploi: une indemnité dérisoire,
b) Pour le personnel fixe affecté à un autre site: des conditions salariales en chute libre sans aucune compensation,
c) Pour le personnel intérimaire, soit plus de 40% des salariés et qui travaillent souvent depuis plus de deux ans pour EVI: rien du tout.
Refus des assemblées générales
Lorsqu'il est présenté au personnel lors de 3 assemblées générales les 18, 19 et 20 août, ce résultat est massivement refusé et les employés invitent l'employeur à retourner à la table des négociations en acceptant de discuter enfin sur la base de conditions sérieuses pour l'entier des catégories de personnel concernées. Les employés lui donnent un délai pour le mardi 25 août à midi. Mais l'employeur persiste dans son mépris des salariés et refuse toutes leurs demandes.
Un débrayage exemplaire
Face à la volonté des employeurs de précariser toujours davantage les salariés, ceux-ci répondent par la solidarité. En effet, les chantiers du CEVA comptent des travailleurs locaux, des travailleurs étrangers, parfois venus de très loin, et plus de 40% de travailleurs intérimaires. Alors qu'ils auraient pu ne vouloir défendre que leurs intérêts particuliers, chacun de ces groupes de personnel a voté solidairement une résolution demandant des conditions acceptables pour tous les salariés, quel que soit leur type de contrat, leur provenance ou leur nationalité.
Le CEVA complice ?
Au premier titre des scandales révélés par ce dossier, il y a le nombre incroyable de personnel intérimaire (entre 40 et 50%) travaillant depuis plus de deux ans sur les chantiers publics du CEVA. Unia n'a eu de cesse de réclamer la régularisation sous contrats fixes du nombre toujours croissant d'intérimaires : en vain. Et aujourd'hui, lorsque Unia interpelle l'employeur sur cette pratique inadmissible, l'entreprise EVI se réfugie derrière une recommandation du CEVA. Interrogé par Unia, le CEVA répond par la voix de son directeur de projet, M. Antoine Da Trindade, qu'il est effectivement prévu une "limitation" du personnel intérimaire à 30% ! Alors que les chantiers publics du CEVA sont sensés être surveillés par une Cellule d'accompagnement tripartite des travaux (CATTC) à laquelle participent activement les syndicats, jamais M. Da Trindade n'a informé les syndicats de sa volonté de faire ainsi exploser le nombre d'intérimaires. Alors que ce nombre déjà scandaleux est largement dépassé par un employeur peu scrupuleux comme EVI, cette information pose sérieusement le problème de toute la surveillance des chantiers publics à Genève. En clair, depuis 2 ans et en toute impunité, des entreprises jouissent d'un blanc-seing pour précariser les engagements de travailleurs sur le canton.
Une protection des travailleurs insuffisante
Cela confirme une fois de plus le manque de protection dont jouissent les travailleurs en Suisse. De par son refus d'augmenter ces protections indispensables dans le cadre des accords bilatéraux, le Conseil fédéral joue avec le feu. De par leur refus d'améliorer la Convention collective de travail du secteur principal de la construction, les employeurs jouent le même jeu suicidaire. A ces attaques conjuguées, les travailleurs apportent la seule réponse possible : la mobilisation par des mesures de lutte.
La lutte pour issue
En débrayant ce mercredi 26 août, les travailleurs du CEVA espèrent amener leur employeur à accepter de négocier pour tous les employés touchés par ce licenciement collectif, qu'ils soient fixes ou intérimaires, licenciés ou replacés sur d'autres sites à de moins bonnes conditions. Ils souhaitent également dénoncer la situation de précarisation qu'ils ont subie et qu'ils continuent de subir au travers de ce licenciement mené à la hache par une entreprise mandatée pour un chantier public du canton, et jouissant des bienveillances inadmissibles du CEVA. Ce mercredi soir, en fonction des réponses qui lui seront données d'ici-là, l'assemblée générale des travailleurs votera sur la suite de son mouvement.