Travail au noir, violations crasses de la CCT et des lois à l’Aéroport de Genève! Des travailleurs exploités par deux entreprises de nettoyage
La société MPM facility services SA est chargée du nettoyage des vitres et du débarrassage des poubelles de l’Aéroport de Genève.
Ali*, ancien employé de MPM, revient sur les cinq années passées à nettoyer des vitres dans l’enceinte du site aéroportuaire. Son premier contrat de travail était de 6 heures par jour. En réalité il effectuait 10 heures de travail du lundi au samedi. C’est suite à un contrôle que l’entreprise a dû lui faire un nouveau contrat de travail. Ali travaillait également sur appel, quand la société avait besoin de remplaçants. Il lui est arrivé de travailler du lundi au dimanche, des fois jour et nuit. Mais seulement une partie de ces heures de travail lui étaient rémunérées. Lorsqu’il a réclamé le paiement de ses vacances, il a été licencié.
Manuel* est toujours employé par MPM. Après un premier contrat de travail de 40 heures hebdomadaires, la société lui a établi un nouveau contrat de 8 heures pour les samedis. Or, en plus des samedis, il continue à travailler le reste de la semaine. Manuel travaille également sur appel. Il effectue un grand nombre d’heures supplémentaires, allant jusqu’à avoir des journées de 19 heures de travail! Seulement une partie de ces heures de travail lui sont rétribuées.
L’autre entreprise dénoncée par Unia est la société NETTOIE’NET SA. Elle a été chargée, dès le début des travaux, du nettoyage de chantier à l’intérieur de l’Aéroport.
Pedro* a été engagé au noir par la société NETTOIE’NET SA (pas de contrat de travail, fiches de salaires ou paiement des cotisations sociales). Suite à un accident de travail, survenu deux ans après son engagement, son employeur a été contraint de lui établir un contrat de travail. Cela fait déjà quatre ans qu’il l’emploie sur plusieurs sites (grands magasins, restaurants et chantiers, dont celui de l’Aéroport). Pedro effectue 55 heures de travail par semaine, du lundi au dimanche. Les dimanches, il termine sa journée de travail à 2 heures du matin et reprend lundi à 5h30. Il n’a que quelques heures pour se reposer! De plus, l’entreprise ne lui paie qu’une partie des heures effectuées.
Luis* a également été engagé au noir par NETTOIE’NET SA. C’est suite à un contrôle, plusieurs mois après son engagement, que son employeur lui a fait un premier CDD. Depuis, seize autres CDD se sont succédés. Entre deux périodes de travail continu, il y avait des semaines creuses durant lesquelles il ne recevait pas de salaire.
José* a travaillé deux ans pour l’entreprise NETTOIE’NET SA. Alors qu’il était chef d’équipe, responsable d’une équipe de nettoyeurs de chantiers, et qu’il aurait dû gagner 28,55 francs de l’heure en 2017, il était payé tantôt comme personnel d’entretien (19,85 francs), tantôt comme agent de propreté sans expérience (21,70 francs). De plus, le grand nombre d’heures de travail effectuées n’étaient rétribuées que partiellement. En tant que chef d’équipe, il peut attester de l’engagement d’un nombre important de travailleurs au noir. Il estime que sur un chantier de 20 personnes, seulement 5 étaient déclarées. Même proportion au chantier de l’Aéroport.
Genève Aéroport paraît ignorer ces pratiques. Dans les «Conditions générales de l’Aéroport international de Genève relatives à l’achat de biens ou de services ainsi qu’à l’exécution d’un ouvrage», Genève Aéroport rappelle les obligations légales auxquelles chaque prestataire sur le site aéroportuaire doit se soumettre, notamment le respect des conventions collectives de travail, de la législation en matière d’assurances sociales et d’impôts à la source. Mais Genève Aéroport ne semble pas se donner les moyens de s’assurer que les prestataires se conforment à leurs obligations vis-à-vis de leur personnel.
Du côté de la Commission paritaire genevoise du secteur du nettoyage (CPPGN), les pratiques de ces deux entreprises sont connues depuis des années. A chaque nouveau contrôle, ces sociétés se font sanctionner… souvent pour récidive!
Afin d’en finir au plus vite avec cette situation inacceptable, d’autant plus dans un établissement autonome de droit public, et étant donné la volonté de l’État de lutter contre le travail au noir et la sous-enchère salariale (Cf. campagne «Le travail au noir, ça se paie cash» lancée cette semaine par le Département de la sécurité et de l’économie), le syndicat Unia demande:
- Que Genève Aéroport applique ses conditions générales et mette un terme immédiat aux contrats avec ces deux entreprises,
- Que Genève Aéroport applique la clause sociale qui engage les nouveaux soumissionnaires à reprendre les employés des prestataires actuels,
- Que Genève Aéroport, et plus largement tout organisme ou entreprise publique, soumette systématiquement les entreprises soumissionnaires au préavis de la CPPGN afin que celle-ci puisse donner l’alerte en cas de non-respect de la CCT ou de la LTN.
* Nom d’emprunt.
Contact
Camila Aros, secrétaire syndicale, 079 649 64 18, camila.aros[at]unia.ch