Des nettoyeurs débraient pour la réintégration des services de nettoyage dans la fonction publique
Les employés de nettoyage du CO Aubépine ont été licenciés pour la fin de cette année civile. Après, pour certains, plus de dix années de service au sein du même établissement, leur employeur les congédie suite à la remise en soumission du mandat concerné. Rien d’exceptionnel dans un secteur d’activité qui fait payer le prix de l’externalisation au personnel. A chaque nouvelle soumission, le personnel se retrouve confronté soit au licenciement, soit à l’intensification du rythme de travail, soit encore à des horaires totalement décousus.
Mais il se trouve que l’adjudicateur en question est l’Etat et que cette fois il ne s’est même pas donné les moyens de s’assurer que le personnel affecté à cet établissement soit rémunéré selon les minimas fixés par la Convention collective de travail pour le secteur du nettoyage (CCT). Depuis plusieurs années, l’entreprise de nettoyage SERCONET SA ignore les années d’expérience acquises par leurs employés au sein de la même société, ce qui permet de les sous-payer.
En effet, la CCT prévoit pour la catégorie de travailleurs concernés une augmentation salariale dès l’acquisition de quatre années d’expérience dans la branche du nettoyage. Pour l’année 2017, par exemple, les personnes concernées passent d’un salaire horaire de CHF 21.70 à CHF 23.60.-, ce qui représente une différence salariale de CHF 1.90.- de l’heure !
En contournant la CCT, la société SERCONET SA a engendré plus de CHF 13'000.- de perte salariale à Pedro*, chargé depuis presque onze ans de l’entretien du Cycle d’Orientation de l’Aubépine. Christophe*, dans la même équipe depuis plus de six ans, a déjà perdu plus de CHF 9’000.- de salaire. Il n’est pas inutile de rappeler que cette pratique touche des travailleurs qui reçoivent déjà des salaires parmi les plus bas de ce canton.
Aujourd’hui, l’équipe de nettoyeurs de l’Aubépine demande que les collectivités publiques prennent leurs responsabilités et réinternalisent les services de nettoyage. Il s’agit du seul moyen d’empêcher l’enrichissement des entreprises privées sur le dos des salariés et des contribuables, du seul moyen de garantir sur le long terme des conditions de travail correctes pour les employés et un service de qualité effectué par un personnel connaissant parfaitement les sites et les usagers.
Les enseignants du Cycle de l’Aubépine l’ont compris. Choqués de se voir imposer le licenciement de personnes à la fois compétentes, consciencieuses et très intégrées à la vie de leur établissement, ils se mobilisent pour les soutenir. La pétition qu’ils ont lancée mi-novembre compte déjà plus de septante signatures d’enseignants. Avec celle-ci, les maîtres de l’Aubépine entendent montrer leur refus d’être privés du service de l’équipe de nettoyeurs pour des questions purement économiques. Economies d’ailleurs à court terme, puisque ces mesures prétéritent le bon entretien des bâtiments de l’Etat.
Le 27 novembre dernier, les syndicats Unia et SSP Genève ont alerté la Conseillère d’État, Madame Anne Emery-Torracinta, ainsi que ses collègues du Conseil d’État de la situation. Comme aucune réponse n’a été donnée au délai fixé (mercredi 6 décembre 2017), les syndicats Unia et SSP Genève réitèrent cette fois publiquement leur demande de rencontre urgente. A défaut, d’autres mesures de lutte seront prévues.
Pour tout contact:
Camila Aros, secrétaire syndicale, Unia Genève, 079 649 64 18, camila.aros[at]unia.ch
Albert Anor, président du SSP Genève, 076 764 80 12, almadoanor[at]bluewin.ch
* Prénom d’emprunt