Jusqu'où pourront aller les entreprises de nettoyage avant que les autorités interviennent?

Ce lundi 4 février, le syndicat Unia a dénoncé un énième cas de sous-enchère salariale au sein de l'État. Après avoir révélé les violations crasses des conditions de travail pratiquées par les sociétés NETTOIE’NET et MPM facility services à l’aéroport de Genève, après avoir épinglé la société SERCONET qui sous-payait depuis des années ses employés chargés de l’entretien d’un établissement scolaire, après avoir mis en lumière le dumping pratiqué entre les nettoyeuses du public et du privé, notamment aux HUG, aujourd’hui c’est le cœur même de l’Etat qui est souillé.

L'entreprise Net Inter SA, mandatée pour l’entretien de plusieurs bâtiments de l'État, dont notamment l’Hôtel de ville et le DIP, manœuvre depuis des années pour ne pas compenser les heures de nuit effectuées par ses employés.

D’abord, l’entreprise prise en faute conteste la sanction infligée en assurant avoir procédé à un déplacement des limites du travail du jour et du soir comme le permet la Loi sur le travail sous réserve d’avoir consulté les travailleurs concernés. Effectué dans les règles, ce moyen lui aurait effectivement permis de ne plus considérer comme horaire de nuit le travail effectué entre 5 et 6 heures du matin.

Suite à l'intervention du syndicat Unia, qui conteste le respect du droit de participation des travailleurs, l’OCIRT mène une enquête. Il conclut à ce que le déplacement des limites du travail du jour et du soir n'a pas été fait conformément à la loi puisqu'aucune consultation en bonne et due forme des travailleurs n'a eu lieu.

C’est alors que la société Net Inter SA déclare à l’OCIRT ne plus avoir aucun mandat débutant avant 6 heures du matin. C’est faux ! Les personnes chargées de l’entretien du Grand Conseil et de tous les bâtiments publics de la rue de l’Hôtel de Ville commencent encore et toujours à 5 heures du matin, et ce depuis au moins l’année 2012.

En conclusion, l’entreprise n’a toujours pas été sanctionnée, les travailleurs concernés continuent chaque jour de travailler sans les indemnisations dues et l’Etat persiste à se déresponsabiliser de ce qui se passe au sein de ses bâtiments.

Appuyant la demande des travailleurs directement concernés, en décembre 2018 le syndicat Unia a interpelé l’entreprise pour demander le rattrapage salarial dû, sans aucune réponse de sa part.

Après une énième démonstration de l'existence de dysfonctionnements crasses au sein des services externalisés de l'État et de l’impossibilité des organes de contrôles tant paritaire qu'étatique de résoudre ces problèmes, seule la ré-internalisation des nettoyeurs et nettoyeuses à l’Etat semble pouvoir durablement garantir des conditions de travail décentes pour le personnel.

Le 28 novembre déjà, les syndicats avaient demandé une rencontre à Mme Fontanet pour traiter cette question. A ce jour, les syndicats attendent toujours une réponse de la magistrate. Il devient urgent que l’Etat prenne ses responsabilités et intervienne sur ce dossier sensible.

* Office de cantonal de l'inspection et des relations de travail

Renseignements:

Camila Aros, secrétaire syndicale, 079 649 64 18

Yves Mugny, responsable du secteur Bâtiment, 079 293 11 61