Un grand groupe du luxe fait tout pour ne pas payer ce qu'il doit à ses employé-e-s

L’augmentation de salaire de 65 francs obtenue au 1er janvier 2019 dans l’horlogerie en compensation du renchérissement n’a été versée que depuis avril dans les entreprises du groupe Richemont. Avec Unia, le personnel réclame depuis des mois le versement des 195 francs manquants. Mettant fin abruptement aux négociations, le groupe a décidé de ne verser que 65 francs. Ce mépris du dialogue social est indigne d’un groupe comme Richemont, qui par ailleurs réalise 14 milliards de chiffre d’affaire par année ! Unia exige le paiement complet du renchérissement 2019 à tout le personnel.

En 2018, l’augmentation du coût de la vie a été de 1,2% et Unia a obtenu sur cette base une augmentation de salaire obligatoire de 65 francs par mois à partir du 01.01.2019. Afin de protéger le niveau des salaires, la convention collective de travail (CCT) de l’horlogerie et de la microtechnique, qui concerne près de 50 000 employé-e-s, prévoit en effet la possibilité pour le syndicat de négocier une allocation en cas de renchérissement.

Trois mois d’allocation perdues

Le groupe Richemont (qui occupe plus de 8 000 employé-e-s dans de grandes marques comme Cartier, Piaget, Jaeger LeCoultre, Vacheron Constantin, IWC, etc.) n’a versé cette augmentation qu’à partir du 01.04.2019, se basant sur un accord de 1996 avec le syndicat. Or, cet accord prévoit bien la possibilité d’un report pour des raisons de technique comptable, mais il ne dit nulle part que les gens concernés doivent perdre les trois mois d’allocations du début de l’année !

Négociations infructueuses

C’est pour empêcher cette perte de 195 francs (3 x 65 francs), qu’Unia a dénoncé ces accords en février et réclamé le paiement complet de l’allocation. Après deux séances de négociations infructueuses entre le syndicat et le groupe Richemont, encadré par son association professionnelle, celui-ci a annoncé le 21 novembre sa décision unilatérale de verser 150 francs en décembre, avec ou sans l’accord d’Unia. A la suite de cette annonce, le syndicat a légitimement consulté sa base pour savoir si les salarié-e-s voulaient en rester là ou continuer à réclamer le paiement complet.

 

Indemnité peau de chagrin

Le 10 décembre, la direction de Richemont décide unilatéralement de ne verser finalement que… 65 francs ! Le jour même l’information officielle circule déjà dans les entreprises, dans le dos des partenaires sociaux qui cherchent depuis des mois une solution concertée.

Unia s’insurge contre cette décision car :

- il est choquant de voir qu’un groupe qui fait un chiffre d’affaire de 14 milliards par an dans le domaine du luxe rechigne à s’acquitter de ses obligations vis-à-vis de ses employé-e-s ;

- la façon dont la direction du groupe est revenue sur la parole donnée montre le peu de considération du syndicat et de ses affilié-e-s, dont il a voulu punir la détermination ;

- ce dérapage, alors que les associations patronales étaient parties prenantes du processus, envoie un signal inquiétant à quelques mois de l’ouverture de la négociation de la prochaine CCT horlogère.

Information au personnel

Unia dénonce le durcissement d’un grand acteur comme Richemont, non seulement vis-à-vis du syndicat, mais aussi du partenariat social historique et fructueux qui prévaut dans l’horlogerie. Une information sera donnée à ce sujet au personnel aujourd’hui et demain dans les principales entreprises du groupe. Avec les salarié-e-s de Richemont, Unia exige le paiement complet du renchérissement 2019 à tout le personnel.

Renseignements :

Raphaël Thiémard, responsable Unia horlogerie, 076 513 26 53

Virginie Pilault, porte-parole Unia, 078 618 89 43