Crise sanitaire : appel d’urgence des travailleurs de la logistique à Genève. « Notre santé avant vos profits » !

Le personnel genevois employé dans le secteur de la logistique a lancé une pétition ce matin qui a récolté rapidement des nombreuses signatures parmi les travailleurs. Ils dénoncent un non-respect des consignes de santé et sécurité diffusées pourtant depuis lundi 16 mars par l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP). Une exposition injustifiée à des risques graves pour leur santé justifie la suspension de toute activité non nécessaire. Ils sont prêts à arrêter de travailler.

C’est du jamais vu en Suisse. Depuis le début de cette crise sanitaire, les achats en ligne de tout genre de marchandise ont littéralement explosés. Les volumes ont largement dépassés les commandes faites lors du Black Friday, du Cyber Monday ou de Noël. Les délais d’attente dépassent désormais les deux semaines, mais toutes les entreprises concernées continuent de répéter que toute la chaine est garantie et qu’ils sont en train de recruter encore plus de collaborateurs. Le taux de croissance du secteur est estimé à plus de 10% et celui-ci pourrait encore augmenter. Oui, mais à quel prix ? Selon les informations transmises au syndicat par plusieurs travailleurs actifs dans les principales entreprises de la branche, les dispositions de sécurité ne seraient pas respectées en mettant à risque la santé du personnel et augmentant les possibilités de diffusion du virus. Le syndicat Unia Genève a demandé ce matin aux autorités cantonales d’effectuer des contrôles urgents dans tous les dépôts des entreprises de la logistique

Limitation des marchandises non nécessaires
Les travailleurs ont décidé ce matin de lancer une pétition demandant de privilégier en ce moment exclusivement les biens nécessaires aux services essentiels à la population comme l’alimentaire, le sanitaire, le médicale ou la sécurité. Ils demandent par contre de garder dans les dépôts toute marchandise non nécessaire jusqu’au 19 avril. Les livreurs ne comprennent pas l’intérêt de devoir continuer à satisfaire des clients qui n’ont aucune urgence, comme témoigné par João*, un des employés d’un sous-traitant genevois du leader mondial du marché : « J’ai dû livrer des vélos pour enfants, des chaussures et des vêtements ou encore des articles de jardin la semaine passée. ». Le syndicat Unia Genève soutient les livreurs et réitère sa demande d’arrêter de manière contraignante toute activité qui n’est pas indispensable et qui ne répond pas à des besoins essentiels de la population.

Plus de contrôles des mesures de sécurité
Comme beaucoup de ses collègues, Ahmed* qui travaille comme livreur pour une autre entreprise sous-traitante d’un des leaders internationaux du secteur, confirme la dénonciation du syndicat concernant les conditions de sécurité : « Au matin nous devons tous nous regrouper autour de la boucle de tri et charger rapidement les colis et la marchandise dans nos fourgons. Impossible de respecter les distances de sécurité si on veut maintenir le rythme imposé par le patron. » Encore plus grave, des livreurs malades sont appelés à retourner au travail pour répondre à la demande des clients. « J’ai été en arrêt maladie ces derniers jours » dénonce Faton*, un autre livreur sous-traitant « et mon patron m’a clairement fait comprendre qu’il pouvait me licencier si je ne revenais pas au boulot. J’ai une famille et je suis obligé d’y retourner, mais je ne suis pas d’accord. » En l’absence totale d’un contrôle du respect des mesures de sécurité imposées par les autorités, les livreurs risquent non seulement de mettre en danger leur propre santé, mais de devenir potentiellement un facteur majeur de propagation du virus dans le canton.

Prêts à arrêter le travail
Les travailleurs de la branche sont prêts à arrêter de travailler si des mesures urgentes ne sont pas prises comme ils l’indiquent dans la leur pétition. Une demande que le syndicat Unia Genève ne peut que soutenir comme ça a été le cas ces derniers jours sur les chantiers de la construction ou au magasin Migros Cornavin. L’Etat ferait donc mieux de soutenir la revendication syndicale en augmentant les contrôles et en déclarant la suspension de l’activité économique non nécessaire.

Pour plus d’informations :
Umberto Bandiera, Département construction syndicale d’Unia, 079 681 51 56

* Les salariés anonymisés sont prêts à témoigner par téléphone. Leurs coordonnées peuvent être communiquées sur demande.