Crise sanitaire: les employeurs et l’Etat doivent assumer leurs responsabilités Coronavirus : témoignages syndicaux du front
Après l’annonce des mesures décidées hier par les autorités fédérales et cantonales, le syndicat Unia a été submergé de sollicitations de salarié-e-s préoccupé-e-s par le manque de protection de leur santé ou par la peur de rester sans revenu suite à la crise sanitaire actuelle.
Pour un arrêt immédiat des chantiers !
Plusieurs travailleuses et travailleurs ont témoigné de situations dramatiques sur les lieux de travail restés ouverts, en premier ligne sur de nombreux chantiers où les installations sanitaires et les réfectoires n’ont pas été aménagés pour limiter la propagation du virus. Ainsi, jusqu’à 30 ouvriers se retrouvent entassés dans les baraques où ils se changent et où ils mangent. « Sur mon chantier, il y a deux toilettes pour 80 ouvriers, sans gel désinfectant ni d’autre mesure de sécurité », explique Fabrice*, un ouvrier qui souhaite rester anonyme. Des cas de coronavirus ont d’ailleurs déjà été détectés sur certains chantiers. Dans un autre chantier, les travailleurs ont décidé d’arrêter le travail par peur d’être contaminés. Les syndicats de branche ont sollicité les associations patronales pour demander au Canton la fermeture immédiate des chantiers.
Dans d’autres branches dont la production n’est actuellement pas essentielle pour la population, la situation n’est guère meilleure : Chez Fiedler, un sous-traitant horloger par exemple, la production continue dans les ateliers, sans aucune mesure de distance sociale, alors que les manufactures horlogères annoncent une après l’autre leur fermeture.
Pour des mesures de sécurité obligatoires !
Dans les secteurs où l’activité doit être maintenue (notamment les soins, le nettoyage, la vente alimentaire ou encore les transports), la réalité est pour le moins chaotique. Le syndicat Unia a reçu depuis hier plusieurs cris d’alarme extrêmement préoccupants. Ainsi, plusieurs vendeuses nous disent être littéralement prises d’assaut par des clients, sans que les gérants ne prennent aucune mesure pour préserver leur santé. Dans une filiale, la peur est telle que le personnel songe à arrêter le travail. Les syndicats de branche ont sollicité tant les employeurs du commerce que l’Etat pour édicter immédiatement des mesures de protection obligatoire.
Il en va de même dans le nettoyage, où les salarié-e-s sont aujourd’hui en première ligne pour garantir l’hygiène à la population. Certaines entreprises se distinguent par une absence totale d’équipements de protection, y compris de gants. Même son de cloche auprès des livreurs. Edouard*, un salarié de Domino’s Pizza raconte : « Notre employeur nous a totalement abandonné : On est envoyé dans tout le canton, où nous sommes en contact direct avec des clients, sans aucune précaution ». Du côté de l’aéroport, Frédéric*, un salarié, s’étonne : « Alors que les restaurants doivent fermer, aucune mesure n’est prise pour le personnel en contact avec les voyageurs : nous côtoyons des centaines de personnes par jour, certains avec des signes de maladie, sans que les flux de personnes ne soient limités ». Là aussi, les syndicats ont demandé une réunion urgente avec la direction de l’aéroport.
Pour une garantie des revenus !
Pour celles et ceux qui restent à la maison, soit parce que leur lieu de travail a dû fermer, soit parce qu’elles ou ils ont des enfants à charge, s’ajoute l’incertitude sur la garantie de leurs revenus. Nous constatons actuellement dans le secteur de l’hôtellerie-restauration un manque de communication totale : les salarié-e-s sont renvoyé-e-s à la maison, sans qu’on leur explique si une demande de RHT a été faite et si le salaire est pris en charge ou pas. Certaines enseignes, comme l’Hôtel des Bergues, prennent de manière totalement illégale, la réduction du temps de travail sur les vacances.
Plusieurs entreprises ont quant à elles mis fin à des contrats temporaires, tel que le primeur Ronin, laissant ainsi une quinzaine de travailleurs sur le carreau. « En tant que temporaire, nous nous trouvons sans revenu d’un jour à l’autre », s’exclame Jacques*, l’un d’eux. D’autres mettent le personnel auxiliaire engagé avec des contrats sans heures garanties à zéro heure, ce qui a pour effet qu’ils et elles se retrouvent sans salaire.
Unia exige l’application sans perte de salaire du chômage technique ou la prise en charge par l’employeur, y compris dans les cas de garde des enfants suite à la fermeture des écoles ou en lien avec les mesures de confinement prises en France.
Pour plus d’informations:
Alessandro Pelizzari, secrétaire régional
José Sebastiao, responsable construction, 079 717 11 98
Pablo Guscetti, responsable vente, 079 810 66 02
Camila Aros, responsable nettoyage et hôtellerie-restauration, 079 649 64 18
* Les salariés anonymisés sont prêts à témoigner par téléphone. Leurs coordonnées peuvent être données sur demande.