Aucun délai ne vaut la vie des travailleurs et de leur famille !

Avec une action de blocage organisée par les syndicats genevois du bâtiment SIT, Syna et Unia sur un grand chantier à Meyrin, ils réaffirment une fois de plus que la seule manière de préserver la santé des travailleurs durant la crise sanitaire est la fermeture des chantiers. En effet, même si les infrastructures sanitaires ont été mises en place, la nature même du travail sur un grand chantier rend impossible le maintien des distances de sécurité. Et il est particulièrement scandaleux de constater que certaines entreprises générales empêchent les syndicats de contrôler la mise en place des mesures sanitaires sur place.

Ce matin, les syndicats genevois du bâtiment SIT, Syna et Unia ont bloqué l’accès au chantier de l’Etang à Meyrin, où une partie des ouvriers – sur les quelque 200 attendus tout prochainement sur le site – ont été obligés de reprendre le travail, en attendant que les inspecteurs des chantiers interviennent pour contrôler les mesures sanitaires imposées par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour contenir la propagation du coronavirus. A la suite d’une intervention musclée de la part des agents de sécurité mandatés par le maître d’ouvrage contre les ouvriers qui refusaient de reprendre le travail, la police a dû intervenir. Au moment de l’envoi de ce communiqué, des tractations avec l’inspection des chantiers étaient toujours en cours.

Impossibilité de garantir la santé des travailleurs

Cette action se place dans la suite de multiples dénonciations syndicales, indiquant l’impossibilité de garantir sur les chantiers le respect des normes de l’OFSP. Cela est particulièrement vrai sur des grands chantiers comme celui du Quartier de l’Etang, qui est géré par plusieurs entreprises générales avec une multitude d’entreprises et de professions actives en même temps sur le même espace. Dans un tel contexte, et même si des infrastructures sanitaires sont en place, il s’avère totalement impossible de garantir le maintien des distances sociales, que ce soit sur les échafaudages ou pour toute activité de ferraillage, terrassement ou bétonnage. La semaine dernière déjà, les syndicats du bâtiment étaient d’ailleurs intervenus sur un petit chantier au centre-ville où un patron présent avait pris la parole pour dénoncer certains maîtres d’ouvrage qui poussaient les entreprises à reprendre les activités malgré l’impossibilité, connue de tout le monde, de respecter les normes de l’OFSP sur les chantiers.

Contrôles insuffisants

C’est dans ce contexte que les syndicats avaient obtenu, il y a un peu plus de trois semaines, la fermeture totale des chantiers genevois. Entre temps, face aux pressions du Conseil fédéral et des milieux économiques, le Conseil d’Etat a rétropédalé. Après une lente réouverture des petits chantiers ces dernières semaines, force est de constater que les grands chantiers sont en train de rouvrir aujourd’hui – et ce dans un contexte où le canton de Genève est désormais celui qui a déclaré le nombre le plus élevé de Suisse de cas d’infection par habitant. Et comme l’a montré l’action de ce matin: il est illusoire de penser que le dispositif de contrôle en vigueur puisse être à la hauteur des enjeux qui se poseront quand des centaines de grands chantiers ouvriront les uns après les autres, quand des milliers de travailleurs seront exposés 9 heures par jour à des risques accrus de contamination qu’ils reporteront bien malgré eux sur leurs proches à leur retour à la maison.

Gesticulations antisyndicales

Il est par ailleurs particulièrement choquant de constater que dans une telle situation, où il est largement reconnu que les syndicats font depuis des semaines un travail essentiel de contrôle sur le terrain pour garantir la santé des travailleurs, le représentant du maître d’ouvrage, le conseiller aux Etats vaudois Olivier Français, ait décrété l’interdiction d’accès pour les syndicats sur ce chantier. Face à ces gesticulations antisyndicales dans un contexte dramatique pour la santé des travailleurs et de leur famille, les syndicats exigent avec véhémence que le Conseil d’Etat revienne à sa position initiale et prenne l’unique décision permettant de lutter efficacement contre la propagation du virus: la refermeture immédiate des chantiers.