Le Conseil d’Etat fait payer la crise au personnel de vente
Avec l’arrêté du 25 novembre, le Conseil d’Etat genevois a décidé de déroger à la loi sur les heures d’ouverture des magasins, en élargissant les horaires d’ouverture des samedis de 18 à 20 heures. Cela au prétexte que des ouvertures plus larges pourraient diminuer les rassemblements dans les magasins. Et pourtant, le magistrat ne fournit aucune preuve que la mesure se baserait sur l’ordonnance fédérale sur les mesures destinées à lutter contre l’épidémie. Selon le conseiller d’Etat Mauro Poggia, «il faut rappeler aux syndicats que le meilleur moyen de défendre les travailleurs est de maintenir leurs emplois».
De son propre aveu, nous sommes donc confrontés à des mesures économiques, et non pas sanitaires, qui une fois de plus seront appliquées sur le dos des salarié-e-s de la vente. Ce n’est pas un hasard si cette mesure intervient juste après qu’une association patronale du commerce de détail ait quitté la table des négociations pour une nouvelle convention collective de travail : l’élargissement des horaires d’ouverture du samedi est, depuis des années, la principale revendication patronale de la vente. Sous prétexte de la crise sanitaire et en prétendant s’appuyer sur l’ordonnance fédérale sur le Covid-19, le Conseil d’Etat cautionne donc les requêtes patronales, sans aucune contrepartie pour le personnel de la vente.
Pour une réelle protection du personnel de vente
Si le personnel de vente des magasins alimentaires a été au front pendant toute la durée de la première vague, les employés des autres magasins ont vu leur faible revenu coupé du 20% en raison des RHT. Aujourd’hui, l’ensemble des salarié-e-s de la branche seront appelé-e-s à travailler deux heures de plus (et donc exposé-e-s plus longtemps au flux des clients) sans aucune contrepartie. De plus, ce même personnel se voit attribué des nouvelles tâches qui n’entrent pas dans leurs compétences habituelles, comme les contrôles aux entrées et le nettoyage systématique des magasins. Alors que la principale revendication du personnel était la garantie d’avoir quelques samedis de congé sur l’année, les autorités remercient le dévouement des vendeuses et des vendeurs en réduisant le peu de temps libre qu’il leur reste.
Tout en prenant au sérieux la situation sanitaire en cours, il est évident que la mesure adoptée vise uniquement à élargir les moments de consommation lors de la période la plus sollicitée de l’année, et cela sans aucune consultation des représentants des salarié-e-s.
Le syndicat Unia lance donc une campagne d’information sur le terrain et invite immédiatement le Conseil d’Etat à revenir sur cette décision qui, en plus de sortir du cadre légal existant, pèsera directement sur le personnel de vente laissé à lui-même.
Pour contact :
Pablo Guscetti, secrétaire syndical Unia, pablo.guscetti[at]unia.ch