Les salarié-e-s de l’hôtellerie-restauration revendiquent une amélioration urgente des conditions de travail

Cette semaine, des actions sont menées dans toute la Suisse pour attirer l’attention sur les conditions de travail du secteur de l’hôtellerie-restauration et demander des améliorations urgentes. A Genève, des employé-e-s de divers établissements témoignent et présentent les principales revendications qui seront adressées aux associations patronales.

Le secteur de l’hôtellerie-restauration a été fortement touché par la pandémie. Fermeture d’établissements, confinement et chômage technique ont entraîné des baisses de revenu ou une perte d’emploi pour le personnel. Si les conditions de travail étaient déjà pénibles avant la crise sanitaire, celles-ci se sont dégradées pendant la pandémie, notamment à la suite de la réduction des équipes et au manque de personnel qualifié.

Actuelle CCNT et prochaines négociations

La convention collective nationale de travail pour l’hôtellerie-restauration (CCNT) en vigueur offre certes quelques avantages au personnel, comme un 13e  salaire obligatoire ou cinq semaines de vacances, mais reste encore très lacunaire. Des négociations pour renouveler cette CCNT sont donc réclamées depuis trois années par Unia, mais une des associations patronales - GastroSuisse - bloque les pourparlers à la suite de l’obtention de salaires minimums dans différents cantons par les syndicats.

Semaine d’action et témoignages

Avec cette semaine d’action, les salarié-e-s de la branche demandent aux associations patronales de revenir à la table de négociations, afin de trouver des solutions aux problèmes du secteur. Dans ce cadre, des employé-e-s de divers établissements livrent leurs témoignages.

Daniel* travaille pour une entreprise de catering à l’aéroport de Genève. Il explique que la CCNT de l’hôtellerie-restauration ne reconnaît pas l’expérience dans la branche. On peut travailler quarante ans pour la même entreprise et gagner le même salaire qu’un employé sans expérience. «La Convention devrait reconnaître par un meilleur salaire mon expérience, elle a de la valeur».

Chef de cuisine dans un restaurant, Manuel* s’indigne des bas salaires dans le secteur. «Nous sommes des professionnels, notre travail est exigeant, mais les salaires ne suivent pas. Il faut que ça change! En plus, le travail sur appel précarise encore plus nos collègues. Il faut qu’on l’interdise!»

Maria*, qui travaille dans un fast-food, raconte les difficultés qu’elle rencontre à devoir s’organiser avec un enfant en bas âge, alors que son employeur modifie les plannings à la dernière minute et sans la consulter. «Mon responsable est censé nous fournir le planning deux semaines à l’avance et nous consulter en cas de modification. Mais cela n’est jamais le cas. J’ai le droit d’organiser ma vie privée, les plannings devraient être fournis bien à l’avance.»

Etant également employée d’un fast-food, Cristina raconte le calvaire que ses collègues et elle ont vécu. «Nous avons été victimes de harcèlement sexuel sur notre lieu de travail. Pire, la direction n’a rien fait pour que ces agissements cessent. Il faudrait que dans la CCNT il y ait un dispositif particulier pour nous protéger.»

Malena* est serveuse dans un restaurant. Elle a fait son diplôme de restauration en Italie. Bien qu’elle fasse son travail comme une professionnelle, son diplôme n’est pas reconnu. «Je gagne exactement la même chose qu’un débutant dans le secteur. Ce n’est pas normal.» Malena demande que son diplôme soit reconnu.

Manifeste, pétition et revendications

Afin de sensibiliser la population à leurs problèmes, le personnel de la branche a lancé le manifeste «Nous voulons vivre dignement!» La population est également invitée à signer une pétition pour soutenir les revendications suivantes :

1. Amélioration des salaires et augmentation des salaires minimums.

2. Prise en compte de l’expérience professionnelle.

3. Fin du travail sur appel.

4. Plannings de travail communiqués trois semaines à l’avance et consultation écrite en cas de modifications.

5. Paiement de toutes les heures prévues.

6. Droit à la déconnexion.

7. Paiement du temps nécessaire pour se changer.

8. Mise à disposition des outils de travail, y c. le matériel de protection.

9. Répartition transparente et équitable des pourboires.

10. Formation des responsables du personnel et mesures contre toute forme de harcèlement.

11. Plus de contrôles pour garantir le respect des conditions de travail.

* Prénoms d’emprunt.

Renseignements :
Camila Aros, secrétaire syndicale Unia