Prolifération des toilettes chimiques sur les chantiers : La santé des travailleurs en pâtit

Les toilettes "chimiques" ne sont tolérées sur les chantiers que s'il y a impossibilité de les raccorder au réseau. Or, le syndicat Unia a constaté l'explosion de ces espaces durant l'été faisant craindre une généralisation de ce genre de pratique contraire au RChant.

Unia Genève lance une campagne contre cette utilisation abusive.

Les toilettes dites « chimiques » sont des installations sanitaires contenant un réservoir qui accumule urine et matières fécales. Leur vidage se fait de temps en temps, contrairement aux toilettes « standards » qui possèdent une évacuation directe sur le réseau des eaux usées. Ces toilettes « chimiques » sont tolérées sur les chantiers seulement s’il y a l’impossibilité de les raccorder au réseau.

Malheureusement, le syndicat Unia a pu constater, sur les chantiers du canton, l’explosion de ces espaces durant l’été faisant craindre une généralisation de ce genre de pratique. Le ridicule a été atteint lors de l’observation d’aménagements sanitaires amovibles permettant leur déplacement à l’intérieur de l’immeuble alors même que ce dernier possédait déjà un système d’évacuation des eaux usées, et qu’il suffisait d’installer une toilette raccordée. 

Unia Genève est intervenu cet été, à plusieurs reprises, afin de protéger la santé des ouvriers en laissant, par exemple, un ultimatum de 24 heures à un maître d’ouvrage indélicat opérant dans la commune de Soral. En effet, ce dernier avait installé des toilettes « chimiques » à côté d’un réseau de raccordement. Une toilette « standard » a été mise à disposition des ouvriers le jour même. La vigilance des travailleurs qui ont informé le syndicat a porté ses fruits. 

La canicule n’a fait que renforcer le problème puisque la chaleur, associée à la stagnation des matières fécales, menace la santé et la décence des ouvriers – en hiver, ces toilettes sont glaciales. Les secrétaires syndicaux ont écouté, médusés, les témoignages de personnes qui devaient faire leurs besoins, en pleine chaleur, avec la porte ouverte car l’odeur était tout simplement insupportable. Bien évidemment, les directions de chantiers ne les utilisent pas pour elles-mêmes.

Les entreprises employant ce genre d’installation se sont assises sur les droits des travailleurs de façon éhontée. Elles ont failli en tant qu’employeurs à leur devoir de veiller à la santé des salariés sur les lieux du travail et à leur obligation de respecter le Règlement sur les chantiers du canton de Genève (RChant, art. 21). Ce dernier légifère sur la question, notamment sur les obligations en matière de type et de maintien des latrines. Aux yeux du syndicat, le seul but de ces pratiques violant le règlement est de faire des petites économies sur le dos de la santé des ouvriers.

Unia Genève lance, dès aujourd’hui, une campagne contre la sous-traitance des installations de toilettes « chimiques ». Le syndicat effectuera, pour cela, des contrôles sur les chantiers genevois et agira en conséquence auprès de tous les acteurs concernés (entreprises, maîtres d’ouvrage, organes de contrôle étatiques, commissions paritaires) afin que le RChant soit respecté et appliqué.

Les toilettes « chimiques » ne doivent, en aucun cas, devenir une norme et le syndicat n’hésitera pas à dénoncer publiquement, si nécessaire, les abuseurs.

La décence et la santé des travailleurs avant le bénéfice et les délais des chantiers !