Sous-traitance à l’aéroport: 50 travailleurs floués et dans l’incertitude totale
L’Aéroport International de Genève (AIG) a mandaté l’entreprise Leonardo SA afin d’effectuer des travaux de démontage, montage et manutention dans le cadre des travaux du nouveau centre de Tri Bagages de l’aéroport. Cette entreprise a sous-traité ces travaux à l’entreprise industrielle Italienne Fincantieri SA qui a elle-même sous-traité à Mitel International SA. Le BCC a effectué un contrôle qui a révélé des infractions flagrantes à la loi et de graves manquements aux usages. Ainsi, certains travailleurs étaient en activité 7 jours sur 7, entre 10 à 12 heures par jour. Ils étaient parfois rémunérés, pour 40 heures par semaine, à hauteur de 3700 francs par mois. Dans ce cas, ni le salaire minimum cantonal, et encore moins les Usages de la Mécatronique et la grille salariale, auxquels l’entreprise s’était engagée par contrat, n’ont été respectés. D’autres travaillant 6 jours sur 7, parfois 10 heures par jour, percevaient la même rémunération. De plus, il a parfois été constaté des montants jusqu’à 9 euros de l’heure en travaillant jusqu’à 240 heures par mois. A cela s’ajoutent des heures supplémentaires qui n’étaient pas – ou partiellement – payées. De surcroît, les travailleurs étaient contraints de loger à deux dans une chambre d’hôtel, le tout sans aucune indemnité de repas.
Les travailleurs, les seuls de toute cette histoire à avoir pourtant rempli leurs obligations, se sont retrouvés dans l’incertitude la plus complète quant à leur emploi et les salaires. En effet, Mitel International SA ayant été exclu de l’aéroport, les salariés ont été forcés de retourner chez eux, en Roumanie et en Italie. Personne n’a pris la peine de les informer des discussions en cours entre l’AIG et les entreprises. Le syndicat Unia est donc intervenu en urgence pour organiser les revendications des salariés et maintenir des négociations avec l’aéroport, Leonardo SA et Fincantieri. A la suite de nos demandes, l’entreprise Leonardo s’est engagée par écrit à plusieurs reprises au retour en emploi à Genève des salariés lésés et au maintien des salaires. Mais la réalité est bien différente, puisque seuls 25 employés (sur une cinquantaine) ont reçu des documents à remplir pour leur retour, sans autres informations concrètes. Si certains d’entre eux ont été replacés par Mitel International sur d’autres chantiers en Italie, au mépris du contrat qu’ils avaient à Genève, d’autres sont dans l’attente de nouvelles de l’aéroport ou de Leonardo. Au bénéfice de la Carte d’Identité Aéroportuaire, ils peuvent recommencer sans délais à travailler sur le chantier, qui a pris un énorme retard. Pourtant, nombre d’entre eux n’ont pas encore été contactés pour un retour à Genève. Alors même qu’il y aurait du travail pour 80 personnes sur ce chantier, la nouvelle entreprise CELIM SERVICE Sagl (sous) sous-traitante remplaçante de Mitel, refuse d’engager l’ensemble des travailleurs à cette heure. Nous exigeons des autorités et de l’AIG qu’ils imposent la reprise de l’ensemble des salariés lésés.
Cette situation est symptomatique des problèmes engendrés par la sous-traitance dans le cadre de marchés publics. Celle-ci pousse les entreprises à une concurrence frénétique qui débouche immanquablement sur des conditions de travail dégradantes pour les salariés. Nous demandons à L’AIG et au Conseil d’Etat de garantir aux salariés leur emploi et leurs salaires (notamment le salaire du mois d’août). Au-delà de cette affaire, le gouvernement doit maintenant prendre les mesures nécessaires pour que de telles situations ne se reproduisent plus.
Les travailleurs, soutenus par le Syndicat Unia, demandent donc:
- que soit repris par Celim, Fincantieri ou Leonardo, l’ensemble des travailleurs présents sur le chantier de l’aéroport en mai/juin 2022;
- que soient assurés les salaires, sur la base de 177h et de la grille salariale des Usages Mécatronique;
- que les entreprises et l’aéroport assument leur responsabilité économique, sociale, solidaire et morale vis-à-vis des travailleurs;
- que l’aéroport s’engage à ne plus mettre en place de sous-traitance sur ses chantiers;
- que des discussions soient menées par les partenaires sociaux et les pouvoirs publics afin de trouver des alternatives à la sous-traitance sur les chantiers publics.