NON À LA FLEXIBILISATION DES TRAVAILLEUR-EUSE-S ETUDIANT-E-S DE MIGROS GENÈVE

Tout récemment, Migros a appelé l’ensemble de ses coopérateurs à travers la Suisse à voter pour ou contre la vente d’alcool dans ses enseignes. Elle en a profité pour se donner un gigantesque coup de publicité : cette votation témoignerait des « valeurs démocratiques » de la coopérative, selon les termes d’Ursula Nold, présidente de l’administration de la Fédération Migros. (1

Malheureusement, cette belle démocratie que vend Migros s’arrête aux portes de ses magasins. On le voit déjà au conflit syndical qui oppose actuellement Smood et ses travailleurs, qui ont des conditions de travail absolument dégradantes ; Smood dont Migros est une étroite partenaire et actionnaire majoritaire.

Et puis, il y a dix jours, l’ensemble des étudiant-e-s de Migros Genève (près de 320 collaborateur-ice-s) ont reçu un nouveau contrat de travail à signer dans les deux semaines sous peine de prendre la porte. Cela sans aucune consultation préalable et en pleine période d’examens de fin d’année. « Nous voici donc dos au mur, dans une période particulièrement stressante, à devoir signer pour des conditions de travail inacceptables », déplore Max2. De plus, dans des communications faites par les gérant-e-s, il était demandé de rédiger une lettre de démission si les étudiant-e-s ne souhaitaient pas poursuivre leurs rapports de travail avec l’entreprise alors même que cette démarche entraine des pénalités au chômage. On voit ici toute la mauvaise foi de Migros qui demande des lettres de démission alors même qu’elle vient de résilier les contrats de tout-e-s ses employé-e-s étudiant-e-s.

Jusqu’à maintenant, les contrats de travail assuraient un horaire fixe, généralement de 8h, 10h ou 12h hebdomadaires. Ce contrat permettrait donc de se projeter dans l’avenir en garantissant un salaire fixe tous les mois. En revanche, le nouveau contrat impose une flexibilisation à outrance des horaires hebdomadaires, qui pourraient désormais varier entre 8h et 20h pour les nationaux et permis C, et entre 8 et 15h pour les autres.

« Pour pouvoir bien conjuguer études, boulot, repos, vie familiale et sociale, nous devons pouvoir jouir de stabilité par rapport à nos heures de travail et à notre revenu mensuel », explique un étudiant travaillant à la gare Cornavin. Avec les nouvelles conditions, l’entreprise aura le droit de faire varier l’horaire de travail selon ce qui l’arrange le mieux. Une semaine à 8h, puis une semaine à 20h, six mois à 15h, puis un an à 8h, etc. Et pas de contestation possible puisque ce sera conforme au nouveau contrat. « Pour nous rassurer, nous avons été abreuvés de promesses fallacieuses : “Il n’y a rien qui va changer pour vous, vous me connaissez comme manager, vous ferez autant d’heures que d’habitude.” » À quoi servirait ce nouveau contrat alors ? « La stabilité de nos heures de travail et des revenus liés n’ont pas à dépendre du bon vouloir de nos supérieur-e-s, de l’entente personnelle avec ceux et celles-ci et des intérêts de la direction de Migros », affirme Conrnelius. Rappelons que l’entreprise a fait plus de 600 millions de francs de bénéfices en 20213, alors que le personnel étudiant est payé au salaire minimum pour un travail dur et usant, 365 jours par année dans le cas de la gare et de l’aéroport ou la majorité des employé-e-s bénéficient d’un contrat étudiant.

« La façon dont ces congés-modification ont été signifiés et le fait que les responsables imposent déjà beaucoup d’heures supplémentaires selon leurs besoins, décrédibilise les promesses de nouveaux contrats “simplifiant l’enregistrement de notre temps de travail” ». Cette flexibilisation a des conséquences nocives : « Quand en une semaine tu as 30h de cours, 10h de révisions et encore 20h de Migros, tu es détruite moralement et physiquement », nous explique Maria. « Nous n’allons plus accepter cette manière de faire totalement irrégulière : les heures supplémentaires par rapport à notre horaire fixe ne doivent pas être imposées, mais proposées, et prises uniquement par ceux et celles qui les souhaitent ». Avec le nouveau contrat, il ne sera plus possible de faire valoir les engagements contractuels étant donné qu’il stipule, de fait, une variation importante des heures de travail par semaine : ce sera entre 8h et 15h ou entre 8h et 20h par semaine, à la discrétion de l’entreprise.

Il en va de même pour le lieu de travail. Il est inacceptable que Migros puisse imposer de travailler dans d’autres magasins sans accord préalable de l’employé-e. En les affectant à l’ensemble des succursales de Migros Genève, les employé-e-s seront amenés à devoir se déplacer, à leurs frais, dans des magasins sur tout le canton. Là encore, l’entreprise impose une instabilité concernant le lieu même de travail. « Je suis passée devant plusieurs Migros avant d’arriver à Migros Cornavin avec mon CV. Si je voulais postuler ailleurs, j’aurais postulé dans une de ces Migros », explicite Maria. Si des heures sont à pourvoir dans d’autres magasins, c’est aux étudiant-e-s de choisir selon leurs disponibilités et la distance qu’il-elle-s doivent parcourir. Ça ne doit en aucun cas pouvoir être imposé par l’employeur comme cela est inscrit dans les nouveaux contrats.

Non ! Nous ne voulons pas d’une précarisation du travail étudiant au sein de Migros Genève ! Nous demandons :

  • Pour un contrat digne :
    • Une consultation des collaborateur-rice-s étudiant-e-s suivi de négociations sur le contenu des contrats.
  • Pour plus de stabilité :
    • Que la nouvelle flexibilité imposée soit revue à la baisse ou tout simplement annulée ;
    • Que l’étudiant-e soit en mesure de refuser tout travail supplémentaire si ses conditions ne le lui permettent pas ;
    • Que l’étudiant-e soit en mesure de refuser tout travail dans un magasin autre que celui dans lequel il-elle a été affecté.
  • Pour plus de démocratie :
    • Que deux sièges soient accordés au personnel étudiant au sein de la Commission du personnel de la Migros.

Malgré plusieurs courriers adressés à Migros Genève leur rappelant leur obligation de consultation et de négociation dans les procédures de licenciement collectif tel que ces congés-modification, l’entreprise a refusé de considérer l’avis des employé-e-s. Ainsi nous allons dénoncer à la Chambre des relations collectives de travail les pratiques illégales de la Migros et demander l’ouverture de négociations.

Les travailleur-euse-s étudiant-e-s de la Migros soutenu-e-s par le syndicat Unia

1   corporate.migros.ch/fr/Magazine/2021/11/delegues-decident-alcool.html

2 Tout les prénoms sont des prénoms d’emprunts

3 https://report.migros.ch/2021/gabapp/uploads/M-Gruppe-FIBE-FER-2021_fr.pdf p.30