Les chauffeur-e-s Uber méritent plus que l'aumône
La proposition d’Uber refusée est la suivante :
- Paiement de la part employée des charges sociales estimée par Uber à 15.4 millions,
- Une enveloppe de 4.6 millions répartis entre tous-tes les chauffeur-e-s en fonction des kilomètres parcourus entre le 1er janvier 2017 et le 17 juin 2022, correspondant à 10,5 centimes par kilomètre de course, pour solde de tout compte ;
- 400'000 d’indemnités pour cas de rigueur (maladie, accident, etc.)
Cette proposition ne répond absolument pas aux obligations impératives découlant du droit du travail, portées par les syndicats : paiement de l’entier du temps de travail (= temps de connexion), salaire digne découlant des salaires usuels et paiement des frais effectifs.
Or, Uber est une multinationale qui pèse presque 60 milliards de capitalisation. Depuis son installation en Suisse en 2013, Uber a fait d’énormes bénéfices grâce à un modèle d’affaires qui institutionnalise à grande échelle le travail au noir et la surexploitation. Uber pratique du dumping salarial en engageant de nombreux-se chauffeur-e-s, qui sont à sa disposition, sans qu’elle ne les paie pendant leur temps de disponibilité. Alors que son modèle a été condamné par le Tribunal fédéral, Uber persiste en tenant de forcer les chauffeur-e-s à accepter une proposition qui ne couvrirait même pas leurs frais professionnels, ni les heures de travail réellement effectuées.
La bataille doit être également menée pour le futur, Uber ayant d’ores et déjà tiré les conclusions de l’arrêt du Tribunal fédéral et ayant organisé un montage avec un intermédiaire pour continuer à reporter le risque économique sur les chauffeur-e-s et de percevoir la part du lion sur le travail de ces derniers (net d’impôts et de cotisations sociales).
La balle est désormais dans le camp de Madame Fabienne FISCHER, Conseillère d’Etat, qui doit fermement lutter contre le dumping salarial et la surexploitation et qui doit garantir pour le passé comme pour le futur les conditions de travail légales aux chauffeurs.
Dans l’immédiat, les conditions de l’autorisation provisoire doivent être modifiées pour améliorer substantiellement les conditions de travail des chauffeur-e-s qui sont désormais formellement salarié-e-s de l’intermédiaire (mais toujours spolié-e-s par Uber).
Les syndicats et chauffeur-e-s attendent de voir le résultat des négociations entre le DEE et Uber et décideront des mesures à prendre en fonction.
Communiqué SIT-Unia du 5 octobre 2022