Sous-traitance à l'aéroport: Unia obtient la reprise des salariés sur le chantier !

Suite au non-respect des Usages de la mécatronique et de la Loi sur le travail (Ltr) de la part de l’entreprise Mitel International SA sur un chantier de l’Aéroport international de Genève (AIG), l’entreprise avait été exclue du chantier et les travailleurs étaient repartis dans leurs pays respectifs. Grâce à la mobilisation du syndicat Unia, et après de longues négociations, les salariés ont finalement pu revenir à Genève et reprendre le travail ! Le syndicat Unia se félicite de cette victoire, mais reste attentif à l’avenir, car la situation n’est pas encore complètement réglée. En particulier, les rétroactifs doivent être payés et les salaires minimums doivent être respectés. Le syndicat Unia demande à l’AIG d‘assumer ses responsabilités et d’assurer le respect du cadre légal.

Deux ouvriers du chantier étaient présents lors de la conférence de presse qui s’est tenue ce jeudi 17 novembre 2022. Ils sont revenus sur ces derniers mois très difficiles pour eux : « Nous avons été sous-payés pendant des mois, nous avons fait des horaires à rallonge, des heures supplémentaires en cascade. Nous ne savions pas quels étaient nos droits. Nous pensions qu’en Suisse ce genre de chose n’arrivait pas ».

La question salariale est au cœur de cette sous-enchère liée principalement à la sous-traitance acceptée par l’aéroport. Or, le Règlement sur la passation des marchés publics (RMP) prévoit que « la sous-traitance au deuxième degré est interdite ». Une exception est possible, mais doit être justifiée par des raisons techniques ou organisationnelles. Pourquoi un contrôle de l’OCIRT sur ce point-là n’a-t-il pas permis de détecter ce problème qui, très probablement, existe avec d’autres entreprises aujourd’hui ? Les salariés ont souligné que « l’aéroport devrait être le garant du respect des conditions de travail. Comment se fait-il que seul un organe de contrôle paritaire (Bureau de contrôle des chantiers, BCC), qui ne s’occupe pas de notre branche, a constaté les manquements ? Grâce au syndicat Unia nous avons pu, ensemble, porter les revendications pour notre retour à Genève et le respect des conditions minimales de travail. Cela a été très dur, nous sommes restés dans l’incertitude totale sur notre avenir durant de longs mois, avec des salaires qui n’étaient pas versés, ou qui étaient inférieurs à ce qui avait été accordé ainsi qu’au cadre légal ! »

Les travailleurs sont employés actuellement par PH Facility SA, qui reste une entreprise sous-traitante de Léonardo, à la suite de l’éviction du chantier de Mitel International SA et Fincantieri SA. 

Cette situation scandaleuse n’est néanmoins pas totalement résolue. Avant son éviction du chantier, Mitel International a versé des salaires inférieurs aux minimums légaux. De surcroît, les montants effectivement versés ne correspondaient pas toujours à ce qui était indiqué sur les fiches de paie ! Le rétroactif doit donc impérativement être versé aux salariés ! Pour cela, Unia attend depuis des mois que l’OCIRT rende une décision sur les infractions constatées. Unia demande à ce que, une fois le bilan tiré, l’aéroport utilise un fonds d’urgence permettant d’indemniser les salariés lésés.

De plus, une discussion tripartite doit être mise en place de manière urgente afin d’empêcher ces pratiques intolérables – en particulier sur un site public – de se répéter. Le syndicat Unia interpellera les instances intersyndicales et politiques en ce sens.

Enfin, le syndicat Unia continuera de suivre et d’accompagner avec attention les travailleurs afin que les conditions actuelles respectent au moins le minimum légal de la branche, soit les Usages de la mécatronique. De plus, il sera mis une attention particulière à toute situation douteuse sur le site de l’aéroport en particulier, dans le cadre de la sous-traitance. Enfin la question de la sous-traitance sera mise en priorité dans les actions syndicales futures car elles représentent un danger important pour les conditions de travail des salariés, tel que mis en lumière par ce cas.