Une victoire importante au Tribunal des Prud’hommes

Une travailleuse licenciée par Patek Philippe a obtenu gain de cause au Tribunal des Prud’hommes qui a reconnu le caractère abusif de son licenciement. Après l’OCIRT, ce jugement donne raison au syndicat Unia qui avait dénoncé, dès le mois de juin 2021, des cas de harcèlement et de mobbing. Depuis, l’entreprise a mis en place des mesures, mais la situation est très loin d’être réglée. En plus de la personne concernée par le jugement, deux salariés de l’entreprise étaient présents ce matin à notre conférence de presse pour détailler des conditions de travail difficiles.

Unia avait dénoncé dès 2021 des cas sérieux et nombreux de harcèlement et de mobbing au sein de Patek Philippe. En mars 2021, l’OCIRT donnait raison au syndicat et aux travailleuses et travailleurs en reconnaissant un environnement de travail délétère et des situations d’atteinte à l’intégrité personnelle. Julie* a été licenciée en novembre 2020 et a contesté ce licenciement devant le Tribunal des Prud’hommes. Elle a récemment obtenu une victoire importante puisque le Tribunal a reconnu le caractère abusif du licenciement. Plus encore, il a admis qu’il s’agissait d’une mesure de représailles! «Je suis très contente de ce jugement qui me donne raison sur le fond. C’est l’aboutissement d’une longue bataille qui démontre que cela vaut la peine de lutter pour défendre ses droits», déclare Julie*.

Si des mesures ont été prises par l’entreprise depuis les premières dénonciations du syndicat Unia, elles restent manifestement insuffisantes. Deux salariés de l’entreprise étaient présents à la conférence de presse de ce matin pour témoigner de la persistance du mobbing au quotidien au sein de Patek Philippe. Pour Giovani*, «le comportement des RH a changé de manière superficielle, mais les problèmes demeurent et les salariés sont mis sous pression en permanence».

Alors que l’entreprise avait mandaté une entreprise externe – PMSE – pour mener une enquête interne, un responsable de cette société a été engagé par Patek Philippe en tant que responsable de la cellule «risques psychosociaux», bien que l’enquête était toujours en cours! Antonio* dénonce cet engagement: «Cela nuit gravement à la confiance que nous pouvons avoir aussi bien dans l’entreprise que dans l’enquête de PMSE, cela renforce le sentiment d’impunité des responsables». Giovani ajoute: «c’est particulièrement ironique, alors que le nouveau slogan interne de Patek Philippe est “faites-nous confiance”».

Unia déplore les problèmes persistants près de deux ans après ses premières dénonciations. Pour Alejo Patiño, secrétaire syndical en charge de l’horlogerie à Unia Genève, «les mesures prises par l’entreprise sont insuffisantes, nous souhaitons qu’une véritable enquête soit diligentée par un autre organisme indépendant. Le syndicat doit avoir accès à la procédure et à l’ensemble des conclusions; il en va de la crédibilité de la démarche. Nous en avions fait la demande et cela avait été refusé par Patek Philippe. Les retours que nous recevons sont insuffisants».

*Prénoms d’emprunt, les personnes souhaitant rester anonymes.