Votation 18 juin 2023 - IN 181 - initiative 1000 emplois

Le 18 juin prochain, le peuple genevois se prononcera sur l’initiative syndicale « 1000 emplois ». Une initiative qui propose un changement de paradigme en matière de lutte contre le chômage, et qui face à l’urgence climatique, permettra de donner l’indispensable coup d’accélérateur à la transition éco-sociale.

Un grand OUI pour l’emploi

Pour Jocelyne Haller, d’Avenir social, « il est temps de sortir de la résignation au chômage et d’offrir aux demandeurs-euses d’emploi ce dont ils-elles ont besoin : un emploi ! ». A Genève, ce sont au bas mot quelques 30'000 personnes, expulsées du marché du travail par les politiques patronales de compression des coûts, qui cherchent un emploi ou voudraient augmenter leur taux d’activité.

Face à cette réalité, les collectivités publiques ont un rôle à jouer. Non pas à coup de « préférence cantonale » qui a fait la démonstration de son inconsistance, mais en créant de vrais emplois, accessibles à tous-tes ou pour tous niveaux de qualifications.

Des emplois utiles et indispensables

« Et ce ne sont pas les besoins qui manquent », rappelle Geneviève Preti, présidente du Cartel intersyndical du personnel de l’État et du secteur subventionné. « Dans la santé, l’aide à domicile, les EMS, l’accueil préscolaire et parascolaire, l’éducation, le handicap, les services sociaux, il y a des centaines de postes à créer pour répondre aux besoins croissants d’une population vieillissante d’une part, et de plus en plus précarisée d’autre part ».

Et Teo Frei, de solidaritéS, de compléter : « Face à l’aggravation de la crise climatique, il y a urgence à doter les collectivités publiques aussi des green jobs dont nous avons besoin ». Dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’aménagement, de la gestion des déchets, de la formation ou encore de l’approvisionnement alimentaire, il y a là aussi des milliers d’emplois à créer à tous niveaux de qualification.

Un « plan Marshall » pour l’emploi et la transition

« Tout comme les profondes modifications sociétales en cours, la transition écologique exige une politique volontariste que l’Etat ne pourra réaliser sans les ressources nécessaires, y compris en termes d’emplois créés ». Pour Paolo Gilardi, du Syndicat des services publics, « Cette initiative est un projet de société qui non seulement garantit à chacun un travail, mais un travail socialement utile, valorisant pour qui l’exerce ».

« On nous reproche de préconiser une économie planifiée », reprend Davide De Filippo, président de la CGAS. « Mais que font les SIG déjà aujourd’hui ? En concevant et réalisant les réseaux structurant d’énergies de chauffage non fossiles, les SIG vont donner du travail aux entreprises privées qui elles devront remplacer les chaudières à mazout par des pompes à chaleur. L’Etat doit impulser la transition, mais il faut l’accélérer et lui donner les moyens de le faire, sinon le milliard d’investissements voté par le Grand Conseil ne restera que beaucoup de zéro alignés sur un papier, mais rien de plus ».

Pour Edy Lacombe, ancien président de l’Association de défense de chômeuses et des chômeurs, « l’initiative constitue un véritable espoir pour les chômeuses et chômeurs de longue-durée, notamment pour les personnes de plus de 50 ans et les femmes. Pour toutes et tous, leur grand souhait, c’est de retravailler. Permettre de travailler dans des emplois utiles donne du sens à sa vie. »

Partager l’emploi et vivre mieux

L’initiative donne également mandat à l’Etat d’encourager les entreprises à réduire la durée du travail hebdomadaire à 32 heures pour créer des emplois et vivre mieux.

Pour Helena Verissimo de Freitas, secrétaire régionale adjointe du syndicat Unia, il s’agit là aussi d’accélérer un mouvement déjà en cours : « La semaine de quatre jours, certains pays la connaissent déjà ou sont en train d’y passer, tout comme un certain nombre d’entreprises en Suisse. Tout le monde y gagne : on crée de l’emploi en le répartissant sur plus de salarié-e-s, celles-ci et ceux-ci sont tombent moins malades, et les entreprises deviennent plus attractives ».

Françoise Nyffeler, pour le Collectif genevois de la Grève féministe, enfonce le clou : « Partager l’emploi en diminuant le temps de travail, c’est également plus de temps pour s’occuper des enfants et des proches et la possibilité de mieux répartir ce type de tâches entre les parents. Qui plus est, cela permet de corriger les inégalités de revenus résultant du temps partiel auquel sont contraintes de très nombreuses travailleuses : permettre de créer des emplois où le temps plein correspond à un temps de travail hebdomadaire plus court, c’est permettre à de nombreuses femmes précaires en raison de temps partiels imposés dans des métiers insuffisamment payés d’améliorer leur situation en touchant un salaire complet. »

Thomas Wenger du Parti socialiste genevois, complète cette analyse du point de vue des pères : « L’encouragement à la diminution du temps de travail sans perte de salaire est aussi un encouragement aux pères de mieux s’impliquer dans la vie familiale. » Plus généralement, l’initiative permet de répondre aux besoins amenés à croître, tels que les emplois auprès des seniors, qui sont par ailleurs plus vulnérables face aux effets du réchauffement climatique.

Et Davide De Filippo de conclure : « face au renforcement de la droite libérale, xénophobe et climatosceptique au Grand Conseil, il faut un sursaut de mobilisation de la part des travailleuses et des travailleurs et de toutes celles et ceux qui ont conscience de l’urgence climatique et sociale ». En votant OUI le 18 juin prochain à l’initiative « 1000 emplois ».