Caran d’Ache: licencié à 60 ans et après 35 ans de bons et loyaux services

M. Rémi (prénom d’emprunt), a été licencié à 60 ans. Il avait 35 ans d’ancienneté à Caran d’Ache. A la suite d’une modification de son cahier des charges, M. Rémi s’est retrouvé avec une charge de travail disproportionnée. Malgré ses avertissements à l’employeur, il en est tombé malade. Après quelques mois d’absence et alors même qu’il était en train de préparer son retour, il a été licencié sans ménagement. Malheureusement, Caran d’Ache n’en est pas à son premier cas. La responsabilité sociale ne pèse pas lourd pour cette entreprise à l’heure de licencier le personnel expérimenté et comptant de nombreuses années de service.

Les évaluations personnelles de M. Rémi ont toujours été bonnes. Engagé et loyal, il avait su trouver des solutions à la hauteur des défis qui ont accompagné ces nombreuses années au service de l’entreprise. Peu a importé à Caran d’Ache: les derniers mois avant son licenciement, il apparaissait clairement que l’entreprise voulait se séparer de son employé, sans grands motifs autres que son âge et le «coût» que semblait représenter son expérience aux yeux de la direction actuelle.

M. Rémi n’a présenté aucun problème de comportement, de production ni de respect des valeurs de l’entreprise. Il s’est montré flexible pour répondre aux différents besoins, il a su s’adapter aux différents changements dans l’entreprise. Rien n’y a fait.

«Début 2022, j’ai malheureusement fait un burn-out lié à une surcharge de travail imposée par mon employeur. J’avais informé l’entreprise de cette situation. Malheureusement, la direction n’a pas pris en considération mes alertes. Fatigue, perte de poids, nervosité, sautes d’humeur, j’en suis même arrivé à avoir des pertes de concentration au volant. Mon état dépressif a nécessité un arrêt maladie à 100%.»

A peine 5 mois après son début d’arrêt maladie, M. Rémi était en train de préparer son retour et, pour cela, avait déjà pris contact avec son responsable afin d’évoquer les modalités et d’organiser sa reprise à 50% pour novembre ou début décembre 2022.

«En novembre 2022 lors du rendez-vous de reprise, ma responsable des ressources humaines m’informe que le retour ne peut se faire dans le même atelier en raison de mon burn-out et que mon poste est déjà occupé par un autre employé. Ce collègue nécessitait encore d’être accompagné et j’aurais donc pu reprendre mon activité, avec cette personne, dans le but notamment qu’à mon départ à la retraite, la reprise par le collègue se fasse naturellement. C’est ce que l’on pourrait attendre d’une entreprise socialement responsable. Au pire, un aménagement d’un poste était aussi une possibilité pour trouver une solution alternative. Or, il m’a été suggéré de prendre une retraite anticipée. A la suite de mon refus et au fait que ma responsable des RH ne voulait pas me remettre à mon ancien poste et qu’elle n’avait rien d’autre à me proposer, j’ai été remercié pour mes bons et loyaux services…»

Depuis 2019, au moins, ces cas se succèdent sans que l’entreprise ne s’alarme de cette situation. Le syndicat Unia a connaissance d’au moins 5 à 6 cas similaires. Aujourd’hui, trois autres personnes, dont deux encore en emploi, sont venues témoigner du sort que Caran d’Ache impose trop souvent à son personnel expérimenté et avec de l’ancienneté. Pierre (prénom d’emprunt) a notamment témoigné du combat qu’il a dû mener en s’opposant au licenciement et en recourant aux prud’hommes.

Le syndicat Unia s’est opposé au licenciement de M. Rémi. A la suite du refus de Caran d’Ache d’entrer en matière afin de trouver une solution qui tienne compte de l’âge et de l’ancienneté de M. Rémi, il entame une procédure aux Prud’hommes.

Une histoire qui se répète trop souvent et qui ne s’écrit pas avec un stylo Caran d’Ache