Attaque contre la retraite anticipée: mobilisation et témoignages de maçons sur un chantier du PAV

Après le scandale du gel des salaires dans la construction en 2024, les patrons attaquent désormais frontalement la retraite anticipée des maçons !

L’inflation a explosé et le coût de la vie a engendré une perte du pouvoir d’achat sans précédent pour les travailleurs et les travailleuses en 2023. Malgré cela et des carnets de commandes pleins, les patrons du secteur principal de la construction et leurs représentants de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) ont démontré un mépris et une pingrerie rarement vus à l’encontre des maçons, refusant de leur accorder la moindre augmentation de salaire en 2024.
 
Au niveau cantonal, les syndicats ont demandé à plusieurs reprises à la SSE locale des négociations sur des augmentations pour tous les travailleurs genevois du Gros Œuvre. La SSE a répondu par la négative, manifestant ainsi son soutien total et son alignement sur la politique de la SSE centrale.
 
Aujourd’hui, le patronat franchit un nouveau pallier dans l’échelle de l’indécence et du cynisme : en soutenant l’ "initiative sur les rentes" des jeunes libéraux-radicaux, le patronat s’attaque désormais frontalement au système de retraite anticipée à 60 ans pour lequel les maçons se sont tant battus en 2003, et qui a permis à 28 mille d’entre eux de prendre une retraite bien méritée après des années de dures labeurs – leur évitant au passage soit un chômage de longue durée, soit de se retrouver à l’AI ou à l’aide sociale, soit pire encore… au cimetière !
 
Les maçons n’entendent pas voir cet acquis historique démantelé, et encore moins devoir travailler jusqu’au tombeau. Ils ont décidé d’organiser la lutte et d’appeler à voter NON le 3 mars à l’initiative des jeunes libéraux-radicaux (appuyée par les milieux patronaux), qui n’ont aucune conscience des réalités et n’ont rien à envier à leurs ainés de la droite patronale en termes de mépris de la classe ouvrière.
 
Ainsi, aujourd’hui, avec le soutien de leurs syndicats, une centaine d’entre eux se sont réunis en assemblée générale  à 13h00, sur le chantier du PAV, un des plus grands du canton, avec deux objectifs principaux. D’une part, dénoncer la campagne mensongère et ignoble de la SSE visant à l’augmentation de l’âge de la retraie, au démantèlement de leur retraite anticipée et de facto à la réduction de leur espérance de vie. D’autre part, encourager leurs camarades et collègues à multiplier les assembles générales et actions sur leurs lieux de travail, pour convaincre définitivement l’opinion publique que cette initiative, fruit de nantis, devrait être jetée dans les poubelles de l’histoire ou, mieux encore, coulée dans le béton.
 
Devant les médias cet après-midi, Francisco, maçons depuis 35 ans à Genève et endossant pour l’occasion le rôle de porte-parole de milliers de personnes, a parfaitement résumé la situation : "nous sommes des milliers de travailleurs et travailleuses migrant-e-s dans ce pays. Nous n’avons peut-être pas le droit de vote, mais considérons que notre voix compte et doit être entendue. Nous construisons la Suisse, depuis des décennies, en exerçant les  métiers les plus  pénibles, exposé au froid, sous la pluie, sous la neige et désormais sous des températures extrêmes en été. Nous sommes sûrs que le peuple suisse saura entendre notre voix le 3 mars prochain et qu’il ne nous obligera pas à travailler jusqu’au tombeau. Car, sans être larmoyant, c’est bien à quoi étaient destinés de nombreux camarades, dans la construction, avant la retraite anticipée".

Communiqué de presse intersyndical : SIT, Unia, Syna