Un système d’exploitation des travailleurs et un paradis patronal sur fond de complicités politiques

Joao travaille depuis des années pour la même entreprise de carrelage: Munin Sàrl. Malheureusement, il est tombé malade au mois de novembre 2023.

A la fin du mois, les indemnités de l’assurance perte de gain (APG) n’ont pas été versées, si bien que Joao a contacté l’assurance. Celle-ci l’a informé que l’employeur n’est pas à jour avec le paiement de l’APG. Joao tombe des nues et demande des explications à l’entreprise, qui lui confirme qu’elle n’est pas en règle avec l’assurance perte de gain. Nous rappelons que l’APG est payée paritairement par les employeurs et les employés. Toutefois, l’entreprise a promis au travailleur de régler le problème.

Joao a attendu patiemment que ce soit réglé mais, 5 mois plus tard, il n’a toujours pas perçu les indemnités. Or il se trouve sans salaire depuis octobre 2023 ! Et il ne sera pas payé par l’APG.

Par la suite, le travailleur a appris que l’entreprise était criblée de dettes depuis 2022 et que les charges sociales et les assurances ne sont plus payées.

Joao apprend que pendant sa maladie, l’entreprise s’est séparée de tous les collaborateurs, ainsi que du matériel et des véhicules professionnels.

Il a réclamé à l’entreprise le paiement des 5 mois de salaires, puisque l’APG n’a pas versé les indemnités, ce que l’entreprise a refusé.

Même malade, Joao a dû demander à son médecin de le déclarer apte à travailler, afin de pouvoir démissionner avec effet immédiat de l’entreprise et s’inscrire au chômage.

En résumé: l’APG ne paie pas, mais le chômage ne paiera que depuis l’inscription au chômage. L’entreprise sera sûrement mise en faillite, et comme elle n’a pas d’actifs, l’Office des faillites ne pourra rien récupérer pour indemniser Joao. Les indemnités en cas d’insolvabilité (ICI) ne couvrent pas les 5 mois d’arrêt maladie. La question: QUI VA PAYER CES 5 MOIS DE SALAIRES A JOAO ?

Pourquoi dans ce pays les travailleurs doivent toujours être les dindons de la farce ? Pourquoi le système, fait pour protéger les puissants et les patrons, ne change jamais ? Pourquoi les politiciens entretiennent ce système où les travailleurs sont les victimes, plutôt que de le réformer ?

La conseillère d’Etat, Madame Delphine Bachmann, vient de proposer une charte comme mesure-miracle. Cette charte va-t-elle payer les 5 mois de Joao ? Pourquoi les ICI dans ces cas d’exploitation n’assument pas le paiement ?

Est-ce que nos dirigeants politiques peuvent en répondre et sont-ils prêts à changer ce système ?