Non à la loi qui baisse les salaires cantonaux !
Lettre ouverte à Mme Céline Amaudruz, Mme Simone de Montmollin, Mme Laurence Fehlmann Rielle, Mme Delphine Klopfenstein Broggini, Mme Estelle Revaz, M. Cyril Aellen, M. Thomas Bläsi, M. Christian Dandrès, M. Roger Golay, M. Vincent Maitre, M. Daniel Sormanni, M. Nicolas Walder, conseillères nationales genevoises et conseillers nationaux genevois
Mesdames les conseillères nationales,
Messieurs les conseillers nationaux,
On peut être idéologiquement pour ou contre le salaire minimum légal, avoir des idées différentes sur la nécessité ou non réguler le marché du travail, ou encore sur le rôle de l’Etat ou des partenaires sociaux en matière de fixation des salaires, mais ce n’est pas sur ces questions que vous voterez demain au Conseil national.
Non, demain, vous voterez sur autre chose. Vous voterez d’abord pour ou contre le respect de la volonté populaire du canton qui vous a élu. Car la population genevoise a déjà tranché les questions évoquées ci-dessus : en 2020, elle a dit OUI à 58% à la nécessité de réguler le marché du travail, et de confier à l’Etat le rôle de fixer un salaire plancher.
Vous ne voterez pas non plus sur la pertinence politique d’augmenter les salaires des travailleuses et des travailleurs les moins bien rémunéré-e-s via l’instauration d’un salaire minimum légal, mais vous voterez sur la pertinence ou non de revenir en arrière, c’est-à-dire de déclencher un mouvement de baisses de salaire pour les plus précaires, dont deux tiers sont des femmes.
Vous ne voterez pas non plus en faveur de la prétendue « capacité économique des entreprises ». Mais vous choisirez de contraindre ou non l’employeur qui ne voudra pas imposer des baisses de salaire à son personnel pour des raisons évidentes, à subir la concurrence déloyale de l’entreprise d’à côté qui choisira de le faire, quitte à licencier petit à petit tout son personnel pour en engager d’autres à un tarif plus bas.
Enfin, s’il y a une chose sur laquelle vous allez bel et bien voter, c’est sur la question de savoir si tout un chacun devrait pouvoir vivre ou non de son travail, sans devoir compter sur des aides publiques pour y parvenir. Or, si nous connaissons aujourd’hui l’avis douteux et pour le moins discutable du patron des patrons suisses sur cette question, rappelons que l’un d’entre vous, et l’occurrence M. Cyril Aellen, écrivait le 13 novembre 2019 sur libreleverteliberal.blog.tdg.ch « Chacun doit pouvoir vivre dignement du produit de son travail. L’avenir de la classe moyenne ne doit pas se résumer à une plus grande dépendance de redistributions étatiques fragiles ».
Alors votez, loin des idéologies, en votre âme et conscience. Genève vous regarde.
Genève, le 16 juin 2025
Davide De Filippo, président de la Communauté genevoise d’action syndicale