Pour des chantiers dignes maintenant et partout en Suisse
Unia Genève profite de cette journée d’action romande pour faire un bilan sur la campagne « Pour des chantiers dignes » à Genève. Le syndicat dénonce un chantier indigne au chemin Henri-de-Buren (angle route de l’Usine-à-Gaz), où l’on économise de l’argent sur le dos des travailleurs
Unia Genève, depuis de nombreuses années, dénonce publiquement des chantiers insalubres avec des conditions de travail exécrables pour les travailleurs.
Malheureusement, ces chantiers où la dignité des travailleurs n’est pas respectée se multiplient.
En 2025, Unia a dû agir 15 fois sur différents lieux pour exiger le respect de la dignité des travailleurs.
Unia Genève a agi dès janvier jusqu’à aujourd’hui en demandant le respect de la dignité des travailleurs et la prises de mesures sur différents problèmes :
- Toilettes : selon la Loi sur le Travail et ses ordonnances relatives, les travailleurs ont droit à une toilette propre et tempérée par tranche de 20 travailleurs qui doit, en principe, être raccordée aux égouts. Il s’agit donc de toilettes en baraquements ou containers, pas de toilettes mobiles telles que les Toi Toi, qui ne sont tolérées que pour des chantiers de très courte durée ou de très petite taille.
- Lieux de pause insalubres (vestiaires, réfectoires etc.).
- Taille des lieux de pause : souvent moins d’un mètre par personne.
- Etat des chantiers : pas de rangement ni de nettoyage.
- Points d’eau à disposition : un lavabo est obligatoire par tranche de 5 travailleurs, avec du savon et de quoi se sécher les mains.
- Tuyaux d’eau pour les points d’eau : accrochés à l’échafaudage extérieur, sur plusieurs mètres, l’eau arrivant étant imbuvable au vu de sa température.
- Problèmes d’aération dans les locaux : impossible de respirer avec la poussière.
- Caméra de surveillance : des caméras sont maintenant parfois installées et filment les travailleurs tout au long de la journée.
- Moyens de levage : faire porter des charges de plus de 25 kilos (pour les hommes) et 15 kilos (pour les femmes) sur plusieurs étages est absolument indigne et irresponsable. A cause de ces pratiques, ce sont des dizaines de milliers de travailleurs-euses qui sont atteint-e-s dans leur intégrité physique avec, notamment, des douleurs musculosquelettiques. Trop souvent malheureusement, cela se termine pour elles et eux avec une invalidité et une nécessité de se réorienter à un âge parfois avancé.
Unia Genève a mis en place un processus lors de ses passages sur des chantiers problématiques : il prend contact avec les maitres d’œuvre et en demande des actions dans les 24h.
Si les actions tardent, le syndicat augmente la pression avec les outils à sa disposition.
Dans l’ensemble, en 2025, Unia Genève dresse un bilan positif de cette campagne « pour des chantiers dignes », 99% des demandes ont en effet amené dans les 24h à des mesures mises en place pour la dignité des travailleurs.
Cependant, cela montre toute l’importance du travail de terrain. Si Unia n’agit pas, le respect des travailleurs, hors obligation légale, n’a que peu d’intérêt pour certaines entreprises.
De plus, une partie des maîtres d’ouvrage, dès que le syndicat relâche la pression, laissent la situation se détériorer.
Le syndicat Unia dénonce aujourd’hui en particulier ce chantier où il a dû intervenir trois fois déjà, pour différentes questions, et doit à nouveau agir, car pour son maître d’ouvrage, la dignité des travailleurs n’est importante que lorsqu’Unia hausse le ton : certains maitres d’ouvrage économisent sur la dignité et l’hygiène des travailleurs, comme celui-ci.
Tout d’abord, Unia a dû agir auprès de la direction des travaux, car il y avait 10 cm d’eau dans les locaux.
L’architecte s’était rendu compte qu’il fallait une pompe pour évacuer l’eau et voulait éviter ce coût.
Ensuite, Unia a demandé l’installation de baraquements, car les travailleurs devaient stocker le matériel dans les lieux de pause, ce qui a été fait.
Unia a constaté par la suite que ce chantier était un dépotoir, même si l’on est sur un chantier, un minimum de nettoyage doit être fait. Après 24h, la situation s’était améliorée
Par ailleurs, il y a 3 tours sur ce chantier et il n’y avait que 2 points d’eau, reliés par des tuyaux de plusieurs mètres et l’eau chauffait à l’intérieur.
Unia a exigé plus de points d’eau (après discussion, c’était encore une question de coût si cela n’avait pas été fait avant). 3 points d’eau supplémentaires ont été ajoutés.
Ce matin du 3 juillet, Unia se retrouve encore à dénoncer des problématiques et pose des rubans à l’entrée pour symboliquement marquer les lieux de ces infractions.
En effet, force est de constater que par de fortes chaleurs, l’urinoir installé au 4e étage en plein soleil n’est pas acceptable et qu’il en est de même pour les toilettes chimiques (odeur insupportable).
Ajoutons que le chantier est en phase de finition et que les toilettes à l’intérieur de l’immeuble pourraient être mises en service pour les travailleurs, puisqu’elles existent.
Pour ce qui est de l’eau, les travailleurs doivent se déplacer jusqu’au rez-de-chaussée pour boire, alors qu’il y a de l’eau dans l’immeuble.
Unia demande donc :
- L’installation de points d’eau supplémentaires adéquats et propres au 4e étage.
- Les toilettes normales mises en service au niveau du 4e étage.
Unia a donc donné 24h pour résoudre ces deux problèmes.
Ce chantier est la démonstration que les entreprises économisent allégrement sur la dignité et la santé des travailleurs, il n’est qu’un exemple parmi tant d’autres… qui est à l’image de la situation générale en 2025.
Depuis quelques semaines, Unia réalise une enquête sur les chantiers de Suisse romande dont les résultats seront publiés en 2026 et remis aux autorités cantonales. Elles doivent dès à présent se considérer responsables de la réalité qui est celle des travailleurs depuis bien trop longtemps.
Il est indispensable que les autorités politiques et administratives, ainsi que les inspections du travail veillent à ce que les directions techniques, les maîtres d’œuvres et les architectes cessent de faire des économies sur le dos des travailleurs.
Non au service minimum pour les travailleurs, non au maximum de profit sur leur dos !