Plutôt que de poursuivre une logique de dépendance à l’égard de puissances autoritaires ou prédatrices, la Suisse doit renforcer ses partenariats économiques avec des pays soucieux de la démocratie, des droits humains, de l’État de droit et du développement durable.
La Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) prend acte de l’échec des discussions entre le gouvernement suisse et l’administration américaine, ainsi que de la décision unilatérale des États-Unis d’imposer des droits de douane punitifs de 39 % sur certaines marchandises en provenance de Suisse.
Cette mesure arbitraire, typique des politiques agressives promues sous l’ère Trump, constitue une attaque directe contre des secteurs entiers de l’économie suisse et menace à terme les emplois et les salaires, notamment dans notre région. Elle illustre une nouvelle fois combien une politique de soumission aveugle face aux grandes puissances économiques ne protège en rien les intérêts des travailleuses et des travailleurs. La politique du Conseil fédéral, qui s’est souvent aligné sur les exigences des États-Unis, n’a manifestement servi à rien face à la logique de prédation économique de la première puissance mondiale.
Face à cette situation, la CGAS attend des autorités suisses qu’elles prennent sans délai toutes les mesures nécessaires pour garantir les droits des travailleuses et des travailleurs, protéger l’emploi et maintenir le niveau des salaires. Cela signifie aussi refuser les fausses solutions proposées par certains milieux économiques. En particulier, la baisse de la fiscalité des entreprises, comme le réclame opportunément la Chambre de commerce et d’industrie de Genève (CCIG), serait une erreur. Une telle mesure ne ferait qu’aggraver les difficultés en privant l’État des ressources nécessaires pour financer les services publics et les politiques sociales indispensables à la population, notamment en période de crise. Rappelons-le : ce n’est pas à l’État de garantir les bénéfices des entreprises, mais de garantir les droits fondamentaux de la population, y compris le droit au travail et à une protection sociale forte.
Au-delà de cette crise commerciale spécifique, il est temps pour la Suisse de repenser en profondeur son orientation en matière de politique économique extérieure et de se doter d’une politique industrielle digne de ce nom discutée avec les syndicats et les associations patronales pour protéger les emplois et le tissu économique local. Plutôt que de poursuivre une logique de dépendance à l’égard de puissances autoritaires ou prédatrices, la Suisse doit renforcer ses partenariats économiques avec des pays soucieux de la démocratie, des droits humains, de l’État de droit et du développement durable. Certains partis politiques et milieux économiques se sont réjouis de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et continuent d’idéaliser un modèle basé sur la dérégulation, l’exploitation et le mépris des règles multilatérales. Ces illusions doivent être abandonnées. Il ne s’agit pas seulement de répondre aux mesures américaines par une renégociation douanière, mais bien de poser les bases d’un commerce international plus juste, qui intègre des critères sociaux, environnementaux et démocratiques. C’est une question de souveraineté, mais aussi de justice sociale. En subordonnant nos échanges économiques à des principes clairs, la Suisse pourrait contribuer activement à un ordre commercial mondial plus équilibré tout en protégeant les conditions de travail sur son propre sol.
La CGAS appelle donc le Conseil fédéral et les autorités cantonales à changer de cap : défendre les travailleuses et travailleurs, protéger les services publics, et poser les bases de relations commerciales fondées sur le respect mutuel, la justice sociale et le développement durable.
Yves Defferrard, secrétaire régional Unia Genève et vice-président CGAS, 079 279 45 91