Un procès pour harcèlement sexuel au travail se termine, les violences continuent !

Le procès d’une grande chaîne de fast-food, Five Guys, où des employés hommes se livraient régulièrement à des actes de harcèlement sexuel sur leurs collègues femmes, s’est terminé hier soir à Genève.

Unia dénonce le harcèlement sexuel, les actes de ces hommes, mais aussi un environnement de travail favorable au fait de commettre de tels actes. En effet, la direction, alertée sur les faits et témoin des actes de harcèlement, n’a pendant longtemps pas réagi. Les mesures finalement proposées par l’entreprise n’ont pas été efficaces pour protéger les employé-e-s. Unia rappelle que les employeurs ont une responsabilité légale dans la protection de leurs employé-e-s. Il est temps que les entreprises genevoises combattent réellement le harcèlement et sanctionnent systématiquement les auteurs.

Santé dégradée, responsabilité de l’employeur engagée

Atteinte profondément dans sa santé par le harcèlement sexuel systémique subi, l’une des victimes a décidé de se battre et d’exiger réparation pour les souffrances vécues tout au long de ses relations de travail.

Une des avocates de la plaignante, Maitre Debernardi a relevé lors de sa plaidoirie, que l’impact de ce que la travailleuse a subi sur son lieu de travail s’est installé dans sa vie, que ce soit au niveau professionnel ou privé. L’absence de mesures efficaces de prévention, protection et répression ont eu des conséquences non seulement pendant la relation de travail, mais aussi dans les mois suivants et persistent toujours. Sa santé en a été lourdement affectée, son avenir professionnel aussi. Elle ne pourra plus retravailler dans la restauration, par peur de revivre ces actes. Encore une fois, une victime doit payer le prix de ne pas avoir été protégée sur son lieu de travail, un lieu qui devrait pourtant être sûr et non pas dangereux.

Un procès difficile, mais nécessaire, pour la plaignante, et pour faire changer le système !

La plaignante a dû affronter un procès long et douloureux, avec de nombreux rebondissements. L’audition de certains témoins a été près pénible pour elle, notamment lorsque l’un d’entre eux s’est placé en tant que victime, présentant la plaignante comme une aguicheuse dont le comportement et l’habillement auraient été inconvenants. Cet exemple reflète malheureusement le regard souvent porté sur les affaires de harcèlement.

Il est navrant de voir que cela est toujours d’actualité, et il est donc plus que nécessaire de faire entendre la voix des vraies victimes !

Les témoignages de la direction ont mis en évidence son manque de sérieux face à la problématique du harcèlement sexuel. La hiérarchie n’avait rien mis en place à l’ouverture du restaurant et il faudra attendre plusieurs mois après qu’Unia ait signalé avoir été contacté par plusieurs victimes pour qu’un règlement sur le harcèlement soit finalement adopté, mais sans réel impact sur le terrain. En audience, la direction, pourtant toujours en poste, ne sait toujours pas ce que sont des personnes de confiance externes et ne fait état d’aucune enquête interne sur les faits dénoncés par la plaignante.

Maitre Moreau qui défend elle aussi la plaignante a tenu à souligner qu’il ne suffit pas de placarder un règlement sur un tableau d’affichage parce qu’Unia a signalé un problème majeur au sein du restaurant, il faut former, enquêter, et sanctionner des comportements inacceptables.

Le syndicat Unia est engagé sur cette thématique sur les lieux de travail et appelle les médias à s’en emparer et à parler des injustices qui sévissent encore et toujours dans le monde du travail contre les femmes. Des documents sont à disposition pour soutenir les victimes, informer dans les entreprises pour prévenir les cas et informer les employeurs sur leurs devoirs ici.

 

Pour toute information :

Yan Giroud, responsable des secteurs industrie et tertiaire, Unia Genève

+41 79 641 50 20, yan.giroud@unia.ch

Lucile Grandjean, responsable de la communication régionale d’Unia Genève, 079 542 08 91, lucile.grandjean@unia.ch