Le combat pour l’emploi et la transition écologique et sociale continue

La CGAS prend acte avec regret du rejet de l’initiative « 1000 emplois ». Mais la nécessité de lutter contre le chômage et de créer des emplois qui répondent aux besoins de la population et de la transition écologique demeurent entière.

La marche était trop haute. Après des décennies de matraquage idéologique
libéral anti-service public, il aura suffi à la droite et au patronat d’agiter, certes à
très grands frais, l’épouvantail du fonctionnaire « improductif » et du coût
(abusivement gonflé) de l’initiative pour la mettre en échec. Si une majorité de
population n’a pas voulu d’un mécanisme contraignant de création d’emplois
pour réduire le chômage et le sous-emploi, il n’en demeure pas moins que les
objectifs de l’initiative demeurent d’une brûlante actualité. Pour les syndicats
genevois, la nécessité d’engager des forces dans la transition écologique et de
veiller à ce que personne ne reste sur le carreau de cette nécessaire
transformation de l’économie, reste une nécessité absolue.

Offensive pour la formation
Sitôt l’initiative déposée en 2021 et tout au long de la campagne de votation qui
vient de s’achever, tant le Conseil d’Etat que le patronat et ses relais politiques
de droite ont argué que l’initiative ne proposait rien en matière de formation
alors que le chômage serait dû au manque de formation des demandeurs-euses
d’emploi.
Dont acte. La CGAS attend maintenant que ces paroles se traduisent en un
véritable engagement pour améliorer l’accès à la formation et à la reconversion
professionnelle pour les travailleuses et travailleurs, qu’ils-elles soient encore en
emploi ou en recherche d’emploi. Si le canton ne part pas d’une feuille blanche
dans le domaine, le dispositif existant demeure toutefois très largement lacunaire
et inopérant, et ne pourra offrir de réelle perspectives et possibilités à toutes et
tous sans un nouveau cadre légal instituant de nouveaux droits dans le domaine.


Des emplois pour la transition écologique et sociale
Le mécanisme proposé par les initiant-e-s n’a pas convaincu. Mais au-delà du
mépris dogmatique et lapidaire dont le patronat et la droite ont fait preuve
durant la campagne, personne n’a osé prétendre qu’il n’y a pas besoin de
personnel supplémentaire dans la santé pour répondre aux besoins d’une
population vieillissante. Personne n’a démontré non plus qu’il n’y aurait pas
besoin de personnel supplémentaire dans les services sociaux débordés. Et
personne n’a reproché à la Cour des comptes de préconiser une hypothétique
« économie planifiée » en recommandant le renforcement de plusieurs services
étatiques pour concrétiser la rénovation thermique des bâtiments publics. Et ce
ne sont que des exemples parmi d’autres.
Et pour cause : car ces besoins existent bel et bien. La CGAS invite donc le
Conseil d’Etat et le Grand Conseil à prendre leurs responsabilités, et à inscrire au
budget 2024 de l’Etat les postes supplémentaires nécessaires pour y répondre.
L’emploi plutôt que le bâton
Et parce que dans ces domaines les postes à créer ne nécessitent pas tous de
hauts niveaux de qualification, il appartient également aux collectivités publiques
de faire ce que l’économie privée ne fait pas : engager des demandeurs-euses
d’emploi sur ces nouveaux postes, quitte à mettre en place des programmes de
formation en emploi pour leur permettre d’acquérir les compétences
manquantes.
En matière de lutte contre le chômage, cette politique proactive sera infiniment
plus efficace que celle consistant à accabler les chômeurs-euses de pénalités
aussi brutales qu’injustifiées, comme l’a également indiqué un récent rapport de
l’Université de Genève commandité par le Département de l’économie et de
l’emploi.


Réduire la durée du travail
Quant à la réduction de la durée du travail, les postures idéologiques patronales
l’ont emporté sur leurs propres intérêts : tandis que certaines entreprises
passent déjà à la semaine de quatre jours, et que d’autres, beaucoup plus
nombreuses, peinent à recruter la main d’oeuvre dont elles ont besoin en raison
de leurs conditions de travail difficiles, les organisations patronales et la droite
n’ont obtenu que le rejet de soutiens publics à cette évolution du marché du
travail qui, elle, est inéluctable.
Tant pis pour les entreprises, serions-nous tenté-e-s de dire. Le combat syndical
pour la réduction de la durée du travail sans perte de salaire, quant à lui, ne fait
que (re)commencer. La grève féministe du 14 juin 2023 en est le signe le plus
éclatant, bien au-delà du résultat de la votation de ce jour.