En première ligne : le portrait exemplaire d’employé-e-s de EMS 3

Dans le but de sensibiliser les Genevois-es sur ce secteur essentiel trop peu connu, Unia Genève brosse le portrait à la fois brut et sans concession de 3 travailleur-eus-s des EMS du canton de Genève. On dénombre plus d’une cinquantaine d’établissements sur l’ensemble du territoire et ils ont pour but de prendre en charge les personnes âgées « qui ne peuvent plus être assumées par les structures intermédiaires, le maintien à domicile, par la famille ou par l'entourage ». Les EMS ont la particularité d’être fortement subventionnés par l’Etat, ce qui devrait les rendre plus attentifs aux conditions des résident-e-s et des employé-e-s. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas.

Pour ce troisième portrait, nous avons décidé de vous présenter Amandine qui n’a pas, dit-elle, « une trajectoire de vie très mouvementée ». Elle a cependant les idées bien au clair lorsqu’il s’agit de les exprimer. Après des études en soins infirmiers à l’ELS La Source, cette Vaudoise d’adoption travaille à l’Ems de Bon Séjour, du côté du jet d’eau, depuis une dizaine d’années. Sa longue lettre envoyée au journal Le Temps a mis en lumière les sentiments contrastés d’une infirmière d’Ems à Genève.

 

« Cette crise a montré que la solidarité entre les personnes était encore possible »

Contrairement aux situations décrites dans d’autres témoignages recueillis par Unia au cours de ces dernières semaines, l’Ems où travaille Amandine a réagi, selon ses dires, de façon coordonnée et efficace pour essayer de contenir la propagation du Covid19.  

Pris de court au début de la pandémie comme nombre d’établissements, la direction a fait son possible pour expliquer de manière adéquate la situation. Elle a surtout résorbé les carences en matériel de protection afin que le personnel puisse travailler dans les meilleures conditions malgré les circonstances. En effet, les employé-e-s ont « rapidement eu des charlottes, des gants et des masques ». Amandine n’a jamais ressenti un « je-m’en-foutisme » de sa hiérarchie par rapport au matériel.

Il y a certes eu des absences et même si les premiers jours ont été difficiles, la colère et l’incompréhension ont vite fait place à l’abnégation et à l’esprit de cohésion. Les travailleur-euse-s de l’Ems ont pu compter sur le soutien du médecin répondant et les cadres étaient bel et bien présents, à l’opposé d’autorités ailleurs dans le canton. Pour atténuer le manque d’effectifs, cet Ems a fortement sollicité son pool (réserve de travailleur-euse-s polyvalent-e-s), ce qui a réduit les complications. « Cette crise a montré que la solidarité entre les personnes était encore possible ».

 

« Nous sommes les parents pauvres … on a été mis de côté ! »

Comme beaucoup, j’ai lu attentivement sa lettre publiée dans le journal Le Temps et j’ai été profondément touché par le ton, la sincérité et la pudeur de ce texte. Lorsque j’ai eu Amandine au téléphone, je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander si elle avait obtenu une réponse à sa question : « Pourquoi sommes-nous les oubliés de cette crise ? » Elle m’a répondu sans hésitation qu’elle ne l’avait pas eue et qu’elle ne s’en attendait à aucune.

C’est une question que « j’ai posé au système, à ceux qui gèrent globalement la crise, à Mauro Poggia, responsable du Département de la santé » parce que la crise du Covid19 en Ems est « fortement sous-estimée ».

Malgré la sensation de « gros déni ou négligence de la part des Ems actuels », ce qui l’a poussé à écrire cette lettre est le constat que trop peu d’informations circulaient dans les médias sur la situation explosive des « homes » pour personnes âgées.

« J’ai écrit cette lettre dans un esprit de bienveillance », pour que les médias informent la population genevoise sur les conditions de l’ensemble du personnel : les infirmières, les aides-soignantes, les femmes de chambres, les employées de la buanderie.

Et lorsqu’elle pense à tout le milieu extra hospitalier, elle me lâche : « Nous sommes les parents pauvres du secteur santé. On a été mis de côté ! »

 

« Le syndicat se bat pour qu’on ait plus de personnel »

Amandine a été élue coprésidente de la Commission du personnel (CoPe) de son Ems. Cette commission est légiférée par la Loi sur la participation, qui est un droit inhérent des travailleur-euse-s en Suisse. Après son élection, et dans sa volonté de remplir parfaitement sa tâche, elle a contacté le syndicat Unia car elle avait beaucoup de questions en matière de droit du travail.

C’est en entrant en contact avec Unia qu’elle a découvert le rôle du syndicat dans la défense des intérêts des salarié-e-s. Même si « autour de moi, il y a une peur de dire que l’on est syndiqué, le syndicat se bat pour qu’on ait plus de personnel, par exemple ».  C’est en particulier pour cette raison qu’elle a décidé de se syndiquer.

En effet, le manque d’effectifs est une réalité bien qui n’a pas attendu le Covid19 pour se manifester. Unia a lancé une pétition en 2019 pour que l’IN125 soit enfin appliquée. Concernant cette dernière, Amandine affirme sans détour : « Je ne comprends pas pourquoi elle n’est pas soutenue pas tous les directeurs d’EMS, c’est une aberration ».

Elle considère, à juste titre, qu’il faut valoriser le travail accompli en Ems et faire en sorte que cette population ne soit plus marginalisée. Et de conclure avec un petit mot pour ses collègues : « Bravo, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit. On fait un travail de dingues, on le fait avec l’envie de progresser, avec le sourire ».

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