Le Grand Conseil manque une occasion de protéger les salaires des chauffeurs de taxi

Le Grand Conseil a voté hier à une large majorité la nouvelle loi qui règle le transport professionnel de personnes à Genève. Après l'échec de la précédente loi de 2005 et plusieurs années de débats et discussions parlementaires, le résultat final est très décevant sur le plan de l'amélioration des conditions de travail. Une convention collective ou un contrat-type ne sont pas pris en compte par la nouvelle disposition. La porte est ouverte aux abus et l'urgence d'un salaire minimum légal est encore plus évidente.

Après plusieurs années de débats et plusieurs protestations des milieux concernés, le Grand Conseil a voté à une large majorité la nouvelle loi qui règle le secteur du transport professionnel de personnes, notamment le transport effectué par les taxis et les limousines. Si d'un côté nous saluons favorablement certaines dispositions comme la création d'une centrale unique et des normes plus respectueuses de l'environnement, de l'autre nous dénonçons l'absence de dispositions qui protègent les travailleurs et améliorent leurs conditions de travail. Pour rappel, selon les dernières statistiques disponibles, il y a environ 400 salariés parmi les 1'200 chauffeurs de la branche à Genève.

 

Il est ainsi regrettable qu'en matière de protection des salaires, la nouvelle loi ne prévoit strictement rien, si ce n'est un article qui oblige le chauffeur salarié à prouver qu'il est en possession d'un contrat de travail. Rien n'est dit sur le contenu de ce contrat, notamment sur son salaire ; nos membres, qu'ils soient salariés ou indépendants, dénoncent le fait que la libéralisation du secteur a eu comme résultat une dégradation des conditions économiques de tous les opérateurs, si bien qu'aujourd'hui un chauffeur arrive rarement à gagner 4'000 francs à la fin du mois.

 

Or, il aurait été très simple d'intégrer dans la loi des mesures de protection salariale. Ainsi, les chauffeurs de taxi et leur syndicat, Unia, avaient notamment revendiqué de lier les licences à l'obligation d'établir une convention collective ou un contrat-type de travail. Sans de telles dispositions, la loi ouvre grand la porte aux abus et à la pression vers le bas sur les salaires. Malheureusement, ces dernières années, les associations patronales, que ce soit la FET ou la SCCIT, n'ont jamais exprimé leur intérêt d'ouvrir des négociations à ce sujet.

 

Le syndicat Unia déplore aussi qu'en termes de sécurité, aucune mesure n'est prise par l'actuelle loi, alors que les cas d'agressions ou de cambriolages subis par les chauffeurs, surtout pendant la nuit, sont nombreux ; cela en dépit des recommandations fournies. En termes de formation, nous regrettons que celle-ci ne soit centralisée par la Centrale unique, mais soit encore déléguée au niveau privé sans garantie sur la qualité des cours ; en plus, aucune « mise à jour » n'est prévue pour les actuels chauffeurs, niant ainsi leur droit à une formation continue. Finalement, sans définition des conditions-cadres de travail et l'obligation d'une assurance perte de gain, les chauffeurs seront poussés à travailler toujours plus pour maintenir le revenu actuel ; la conséquence sera une dégradation de leur santé et de la sécurité sur la route.

 

Tout en apportant des améliorations, la nouvelle loi reste donc lacunaire, lacunes avant tout salariales; pour ces raisons, dans l'attente de voter le référendum prévu par la loi, le syndicat Unia appelle à voter OUI le 18 mai prochain à l'initiative fédérale pour le salaire minimum légal » www.proteger-les-salaires.ch

 

Pour contact:

Umberto Bandiera, responsable transports à Unia Genève